Le Comité central du Parti du progrès et du socialisme, réuni vendredi 4 octobre en session extraordinaire au siège national du PPS, sur convocation du Bureau politique, a adopté à une large majorité la décision prise par le BP de se retirer du gouvernement en cours de formation. 235 membres du CC se sont prononcés pour le retrait, alors que 34 membres ont voté contre et 6 se sont abstenus sur un total de 275 membres présents. Au cours de cette session, tenue sous la présidence des membres du Bureau politique Ahmed Zaki (modérateur), Charafat Afailal, Aicha Lablak, Fatima Zahra Barassat, Ahmed Salem Latafi et Rachid Hammouni, le Secrétaire général du parti, Mohamed Nabil Benabdallah, a présenté le rapport du Bureau politique, au terme duquel il a invité les membres du CC à se prononcer pour la décision de retrait, qui représente «la meilleure position à prendre, compte tenu des circonstances dans lesquelles elle intervient». Benabdallah : le PPS aura de meilleurs atouts pour se positionner sur l'échiquier politique En quittant le gouvernement en ce moment précis, à la veille des élections de 2021, le PPS aura de meilleurs atouts pour se positionner sur l'échiquier politique en renouant avec le travail de base et en plaidant les causes du peuple, a-t-il dit. Il aura par contre beaucoup plus de choses à perdre en acceptant de continuer de travailler au sein d'un gouvernement de coalition hétérogène et totalement incapable de satisfaire les revendications des larges masses populaires et de mettre en oeuvre les hautes royales contenues dans les dernières discours de Sa Majesté le Roi, a-t-il expliqué. Que ceux doutent de la justesse de la décision du parti soient rassurés que la direction du PPS sait ce qu'elle fait. Et c'est d'ailleurs en sortant du gouvernement que le parti aura le temps et les moyens de se préparer dans les meilleures conditions possibles aux prochaines élections, dans le but de réaliser des scores meilleurs et de pouvoir renouer avec la gestion de la chose publique, a-t-il dit. Personne ne dit que le travail dans l'opposition est une fatalité éternelle, selon lui, rappelant que le PPS a besoin d'étendre ses bases en prévision des prochaines échéances et de réaliser son plan Tajaddor avec la participation de tous. A ce niveau, l'on peut admettre que la participation au gouvernement dessert plutôt le parti en l'empêchant d'atteindre ses buts, a-t-il expliqué, rappelant que la décision de quitter le gouvernement ne doit surprendre personne étant donné le climat de défiance, de suspicion et de tension qui règne entre les composantes de la coalition gouvernementale. Quitter ce gouvernement pour aller travailler dans l'intérêt du pays et du peuple dans le cadre d'une opposition constructive et calme ne peut que servir le PPS, un parti au passé glorieux vieux de plus de 70 ans, qui a milité pendant une cinquantaine d'années dans l'opposition ou la clandestinité et qui saura s'en sortir à l'avenir, a indiqué le Secrétaire général. Une décision murement Réfléchie Revenant sur l'actuelle expérience du gouvernement conduit par Le chef du gouvernement Saâd Dine El Otmani, Benabdallah a rappelé qu'elle s'est heurtée d'entrée de jeu à plusieurs difficultés. Ce qui s'est traduit par des polémiques stériles et l'échange de propos déplacés, l'abandon à mi-chemin de plusieurs projets et l'obstruction d'autres comme ce fut le cas de la loi-cadre relative à la réforme du système d'éducation, de formation et de recherche scientifique, ou celle relative à l'Amazighité et bien d'autres. Dans le cadre de son action, le PPS n'a pas cessé de souligner la nécessité pour le gouvernement de se consacrer à la mise en œuvre des projets prévus dans le cadre de la Constitution de 2011 et de réaliser toutes les réformes requises pour ce faire. Le parti appelait sans cesse à insuffler un souffle nouveau à la vie politique du pays et en a fait même le leitmotiv central de son dixième congrès national organisé en 2018. Il a repris les grandes lignes de ce plan dont le mémorandum qu'il a préparé au sujet du nouveau modèle de développement. Personne parmi les membres de la coalition gouvernement n'a voulu écouter, au moment où la situation continue de dégringoler. Personne n'a saisi le sens de l'appel du parti, sachant qu'il ne peut y avoir de réforme sans institutions politiques fortes et crédibles dans un Etat démocratique, a-t-il expliqué. Dans le même temps, Sa Majesté le Roi a attiré l'attention dans Ses derniers discours et en particulier celui de la dernière fête du Trône sur les failles et les manquements de l'action gouvernement. Le Souverain a donné ses Hautes orientations au gouvernement pour prendre des initiatives visant à produire davantage de richesse dans le pays et à la répartir de manière équitable. Et c'est précisément à partir de ces considérations que Sa Majesté le Roi a appelé à un remaniement gouvernemental dans le but de se donner de meilleurs moyens de travail. Et c'est dans ce cadre que le Secrétaire général du PPS a été mandaté par le Bureau politique pour avoir des entretiens avec le chef du gouvernement, à qui il avait exposé l'approche du Bureau politique, selon laquelle le PPS aimerait bien d'abord des réponses politiques aux interrogations qu'il se pose pour que le gouvernement soit en mesure de jouer son rôle, de traiter correctement les dossiers en suspens et de porter les réformes et les projets réalisés ou programmés. Pour sa part, le chef du gouvernement avait fait savoir que le nombre des portefeuilles ministériels allait être réduit, que le PPS allait perdre les deux départements qu'il détient actuellement (ministère de la santé et ministère de l'aménagement du territoire national, de l'urbanisme, de l'habitat et de la politique de la ville) et qu'il lui est proposé un seul département, celui de la jeunesse et sports. Ce qui ne peut pas satisfaire le PPS qui réclame tout simplement un engagement politique plus prononcé et une charte d'éthique pour rationaliser le travail au sein d'une coalition gouvernement hétérogène, dont les composantes se préoccupent beaucoup plus de l'intérêt de leur formation politique que de l'examen et de la satisfaction des attentes populaires et des revendications des larges couches populaires, légitimes soient-elles. C'est justement cet état de choses qui est à l'origine du sentiment de désespoir, de défiance et de déception des larges couches populaires à l'égard de toutes les institutions du pays dont en premier les partis politiques, a-t-il expliqué. La décision du Bureau politique de se retirer de ce gouvernement n'a donc rien de fortuit, elle est mûrement réfléchie et a pour but de donner au parti le moyen de travailler dans l'opposition dans l'intérêt du pays et du peuple et de la gauche marocaine. Les décisions du parti sont prises en toute indépendance et liberté Il a rappelé que cette décision de retrait intervient après 21 ans de participation aux gouvernements qui se sont succédé depuis le gouvernement d'alternance, conduit par Abderrahmane Youssoufi, jusqu'au dernier gouvernement conduit par le PJD ; mû par la volonté de servir le pays et le peuple, de faire passer l'intérêt supérieur de la nation avant toute autre considération. Toutes les décisions du parti ont été prises en toute indépendance et liberté, y compris l'alliance avec le Parti de la justice et du développement pour faire face aux dangers qui guettent le pays. Et c'est dans ces conditions que le parti a participé au premier gouvernement conduit par le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane, avant de constater que l'expérience gouvernementale conduite par le chef du gouvernement Saad Dine Otmani est compromise par les luttes intestines qui la rongent de l'intérieur à la veille des élections de 2021. Un débat hautement politique Les travaux de cette session ont été marqués par un débat de haut niveau, au terme duquel la plupart des intervenants ont soutenu le bien fondé de la proposition du Bureau politique de ne pas participer à un gouvernement, incapable de se donner les moyens politiques de travailler, en raison notamment de l'absence de cohésion et d'homogénéité entre les composantes de la majorité. C'est ainsi que le président du Conseil de la présidence du parti, Ismail Alaoui a ouvert le bal par un vif plaidoyer pour la sortie de ce gouvernement, décision qui aurait du être prise même avant, selon lui. Tout en expliquant leur position de la décision de retrait prise par le Bureau politique, nombreux sont les camarades qui ont insisté sur la nécessité pour le parti de se pencher dès aujourd'hui sur la consolidation des structures de base du PPS et de se mobiliser à tous les niveaux pour donner une nouvelle impulsion au plan Tajaddor, en prévision des prochaines échéances.