Accord de Vienne sur le nucléaire iranien Si les tractations qui ont eu lieu ce lundi à New York en marge de l'Assemblée générale de l'ONU pour la tenue d'une rencontre entre le président américain Donald Trump et son homologue iranien Hassan Rohani sont restées sans suite malgré un entretien de plus d'une heure trente entre Emmanuel Macron et le président iranien au cours duquel le président français a exposé sa «lecture des attaques du 14 septembre» et exhorté Téhéran à emprunter «la voie de la désescalade», Paris, Londres et Berlin ont fini tout de même par se ranger derrière Washington. «Nous condamnons avec la plus grande fermeté les attaques qui ont visé des sites pétroliers sur le territoire saoudien le 14 septembre 2019 à Abqaiq et Khurais et réaffirmons notre pleine solidarité avec le Royaume saoudite et sa population(…). Il est clair pour nous que l'Iran porte la responsabilité de cette attaque. Il n'y a pas d'autre explication possible. Nous soutenons les enquêtes en cours pour disposer de tous les détails». Tels sont les termes du communiqué publié ce lundi à l'issue d'une rencontre entre Emmanuel Macron, Boris Johnson et Angela Merkel tenue en marge de l'Assemblée générale de l'ONU; ce qui, constitue, pour la presse internationale, un important tournant dans la relation qu'avait toujours entretenu l'Europe avec la République islamique iranienne. Signataires de l'accord de Vienne sur le nucléaire iranien, les trois dirigeants européens ont, par ailleurs, exhorté Téhéran à rouvrir les négociations sur son programme nucléaire et sur son programme de missiles puis à revenir «sur ses décisions de réduction du respect de l'accord et à pleinement adhérer à ses obligations». Il n'en fallait pas plus pour amener le chef de la diplomatie Mike Pompeo à déclarer sur Twitter que «les Etats-Unis remercient (leurs) alliés proches, le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne, pour leur claire dénonciation de la seule responsabilité de l'Iran dans l'acte de guerre contre l'Arabie Saoudite et dans son impact sur la région et sur le monde (…) Cela va renforcer la diplomatie et la cause de la paix. Nous exhortons tous les pays à rejoindre cette condamnation des actes de l'Iran». Cette position européenne, inédite en soi, est bien, comme l'a déclaré Alex Ward, journaliste à Vox, «un gros coup de pouce» donné à Donald Trump qui avait immédiatement imputé à l'Iran l'attaque du 14 septembre qui a provoqué une envolée spectaculaire des cours du pétrole avant d'ajouter que «depuis que les Etats-Unis se sont retirés de l'accord sur le nucléaire, les pays européens tentent de maintenir de bonnes relations avec Téhéran. Mais il semble qu'ils ne puissent plus ignorer les renseignements dont ils disposent; ce qui les a amenés à condamner ouvertement la République islamique». Or, plus tard dans la journée, dans une interview donnée à NBC News, le Premier ministre britannique a quelque peu «brouillé» le message européen en appelant à une renégociation de l'accord de 2015; ce qui, incontestablement, marque «un changement radical dans la rhétorique britannique» dans la mesure où Londres avait toujours considéré l'accord de Vienne sur le nucléaire iranien comme étant «une réussite diplomatique majeure». Ce revirement était prévisible, pour le quotidien britannique de gauche «The Guardian» qui ajoute, par ailleurs, que Boris Johnson serait «venu à l'ONU bien déterminé à mettre l'accent sur sa relation personnelle avec Trump» et sur la capacité de ce dernier à conclure un «meilleur» accord. Est-ce à dire que, cette fois-ci, l'accord de Vienne sur le nucléaire iranien serait bel et bien en train de voler en éclats? Difficile de ne pas le croire après que Paris, Londres et Berlin aient clairement accusé l'Iran des attaques ayant visé le 14 septembre dernier les sites pétroliers saoudiens mais attendons pour voir…