Dans l'un de ses poèmes de pédagogie universelle, Jacques Prévert avait mis en garde l'insouciance face aux actions à mener, à travers cette fable de haute teneur instructive : «Il ne faut jamais faire les choses à moitié!». Cette allégorie de l'illustre poète français conviendrait, à coup sûr, aux prestations mi-figue, mi-raisin de la communauté de l'industrie du tourisme dans la région Souss Massa, depuis déjà plus de deux décennies. Dès lors, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts et nombre de constats ont inondé les comptes-rendus des réunions marathoniennes pour remédier à cette situation critique de ce secteur qui ne cesse de battre en retraite, en dépit du volontarisme dont font preuve certains de ses intervenants, à plus d'un registre. On s'est constamment retrouvé, en fin de compte, devant une exécution inachevée, exactement tel que narrait en anecdote le fablier du conte : «l'oiseau et le chat». Il serait alors idiot de projeter encore un power point avec des diagnostics sur la destination que tout le monde a appris par cœur. De même, il serait si fastidieux de rabâcher des discours émotionnels ou encore dormir sur les lauriers d'un passé révolu. De grâce, cessons de verser dans le ridicule et agissons dans le concret! Tout est bien connu de tous, aussi bien les professionnels, les institutionnels que les députés et les acteurs associatifs. Ce n'est plus un secret pour personne, cette réalité amère que la station balnéaire du Souss traîne, il y a des lustres. L'heure est donc à l'action tant au niveau local que central. En fait, l'Etat, à travers ses divers départements, notamment la primature, les finances, l'intérieur, le tourisme, le transport, le commerce…, se devrait de se pencher pour de bon sur cette région à forte vocation touristique. Il est inadmissible qu'un site aussi prisé soit renvoyée aux calendes grecques, sans aucun souci de valoriser son potentiel porteur! Dans ses multiples stratégies fondatrices, l'Etat était, depuis longtemps, convenu que la capitale du Souss serait le porte-fanion du tourisme littoral, en parfaite cohésion avec les niches parallèles, en particulier celles ayant trait à l'arrière pays. Cette orientation nationale n'est ni casuelle ni fortuite, au vu des atouts dont regorge cette région prometteuse, sur le plan naturel, climatique, économique et sécuritaire. Or, l'Etat s'est complètement dérobé de cette mission vital vis-à-vis des résidents et leurs visiteurs. A l'image des investissements publics qui ont cessé de se déferler dans les vaisseaux de cette urbanisation accélérée, des actions de promotion qui ignorent cette partie du royaume dans les campagnes externes, des dessertes aériennes du promoteur national dont les lignes marquent le pas au départ et à destination d'Agadir… Si l'Etat tourne le dos à cette locomotive régionale, il faut aussi reconnaître que les décideurs locaux ont si longtemps somnolé dans une léthargie assassine. Non seulement les opérateurs qui, pour une bonne partie, ont évolué dans la dispersion et la cacophonie. Mais, aussi la ville qui a toujours brillé par une nonchalance déconcertante, au niveau des artères, des équipements publics, des patrimoines, des sites…Aujourd'hui, après cette imposante rencontre entre acteurs du tourisme, toutes catégories réunies, les autorités régionales et les responsables de tutelle, toute la famille du domaine est soumise à une profonde prise de conscience de cet état désolant. Ensuite, il va falloir agir par synergie, audace et méthode, autour d'un plan d'action interministériel, défini dans le temps et la priorité, englobant tous les axes répertoriés, notamment la parc hôtelier, la connexion aérienne, le flux des croisières, le transport terrestre, la restauration, l'artisanat, la promotion de la ville, l'animation. C'est à ce prix qu'on peut faire des choses en entier et non pas à moitié!