«J'ai remis au chancelier Sebastian Kurz ma démission de mes fonctions de vice-chancelier et il l'a acceptée» a déclaré, ce samedi, le vice-chancelier autrichien Heinz-Christian Strache avant d'ajouter qu'il déléguait la direction du FPÖ à Niorbert Hofer, l'actuel ministre des transports qui fut le candidat malheureux de l'extrême-droite aux dernières élections présidentielles. Successeur du sulfureux Jörg Haider et un des principaux artisans du rapprochement entre les nationalistes européens et le Kremlin, Heinz-Christian Strache, né en 1969, est un allié inconditionnel de la française Marine Le Pen et de l'italien Matteo Salvini. Rapidement devenu la personnalité d'extrême-droite qui a réussi à obtenir les plus hautes fonctions au sein d'une démocratie de l'Union européenne grâce à une coalition avec les conservateurs en décembre 2017, le vice-chancelier Strache avait été le premier à soutenir Vladimir Poutine lors de son conflit avec la Georgie. Mais pourquoi cette démission alors qu'en Autriche la coalition droite-extrême semblait se renforcer jour après jour? L'éclatement de cette coalition est intervenu quelques heures à peine après la diffusion d'extraits d'une vidéo datée de 2007 dans laquelle on voit le vice-chancelier autrichien en compagnie d'un de ses lieutenants discuter de la signature de contrats publics en contrepartie de soutiens financiers avec une personne se faisant passer pour la nièce d'un oligarque russe. Au cours de cet entretien, qui aura duré six heures, Strache s'était même dit prêt à «remodeler» la presse autrichienne comme l'avait fait en Hongrie le premier ministre Viktor Orban donc «à verrouiller» le paysage médiatique autrichien. Mais qui aurait donc tendu ce piège au vice-chancelier autrichien et l'aurait fait entrer dans une villa truffée de caméras et de micros ? Ce ne sont pas les détracteurs qui manquent et il s'agit bien d'un coup monté trois mois avant les législatives de 2017 à l'effet de piéger le patron du FPÖ. D'ailleurs, même pour la diffusion de la vidéo, le timing choisi n'est pas anodin puisqu'il est intervenu une semaine à peine avant la tenue des élections européennes et juste après que le camp nationaliste ait clairement affiché son ambition d'occuper la troisième place au Parlement européen. Et si, au niveau national, un sérieux remaniement ministériel s'impose avant l'organisation des prochaines élections législatives puisque cinq portefeuilles ministériels sont encore détenus par des ministres du FPÖ, le président autrichien Alexander Van der Bellen, qui a rencontré le chancelier Sebastian Kurz juste après la démission de son vice-chancelier et chef de file de l'extrême-droite autrichienne, a immédiatement appelé à l'organisation «de nouvelles élections en septembre, si possible au début du mois». A noter, également, que même au niveau européen le scandale qui a frappé le FPÖ est un coup tellement dur pour le camp nationaliste qu'il a gâché la grand-messe organisée ce samedi à Milan par le leader de la l'extrême-droite italienne, Matteo Salvini, à l'intention de ses alliés européens. Lors de la conférence de presse qu'il a donnée après sa démission, le vice-chancelier autrichien Heinz-Christian Strache a reconnu avoir eu «une attitude de macho provoquée par l'alcool». Il a alors présenté ses excuses à sa femme, à son parti et au chancelier pour n'avoir pas contrôlé ses propos et s'être comporté «comme un adolescent». Mais tout cela est-il suffisant quand c'est toute sa carrière politique qui risque d'en être sérieusement ébranlée après que sa crédibilité ait volé en éclats ? Attendons pour voir…