«Résistance», «Ne laissons pas les nazis gouverner» ou encore «S'il vous plaît, pas encore» et «Ceux qui tolèrent Kurze et Strache auraient applaudi en 1938» en référence à l'Anschluss de sinistre mémoire qui le 12 mars de cette année-là avait abouti à l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne nazie et à la mise en place d'un régime autoritaire fasciste furent quelques uns des slogans inscrits sur les pancartes et les banderoles brandies par ces dizaines de milliers d'autrichiens qui, ce samedi, ont investi les rues de Vienne pour dénoncer la coalition gouvernementale en place. Formé au milieu du mois dernier, le nouveau gouvernement autrichien dirigé par le jeune chancelier conservateur-chrétien Sebastian Kurz du Parti Populaire (ÖVP) qui est secondé par un vice-chancelier qui n'est autre que Heinz-Christian Strache, le chef du Parti de la Liberté d'Autriche, (FPÖ) populiste, compte en son sein six ministres d'extrême-droite occupant des postes-clés. Les manifestants ont réclamé haut et fort la démission immédiate de Herbert Kickl, le très controversé ministre de l'Intérieur, après que celui-ci ait proposé jeudi dernier, 11 janvier, de «cantonner les demandeurs d'asile dans des centres» usant ainsi d'une terminologie qui évoque les camps de concentration de sinistre mémoire; ce que Benjamin Abtan, le président du Mouvement Antiraciste Européen considère comme étant inacceptable d'autant plus que «dans six mois, ce ministre va se retrouver dans une position de leader européen de la politique de l'asile puisque son gouvernement va présider l'Union Européenne». Dénonçant donc cette coalition qui fait craindre un retour à cette période sombre de l'histoire du pays, ce sont plusieurs dizaines de milliers de manifestants qui ont participé à «l'une des plus importantes manifestations depuis des années» selon des militants de l'association antifasciste «PlattformRadikale Linke» qui craignent que, par cette coalition qui n'est rien d'autre qu'une «attaque frontale contre la classe ouvrière», l'Autriche ne soit à la veille d'une «transformation autoritaire comme en Hongrie et en Pologne » Et Andreas Schieder du Parti Social-Démocrate (SPÖ) de préciser, à ce titre, que le gouvernement «prévoit des sanctions à l'encontre des chômeurs de longue durée et des journées de douze heures de travail» alors même que, dans le même temps, il «accorde des énormes réductions d'impôts à l'industrie du tourisme et aux employeurs». Par ailleurs, l'écologiste Alexander Van der Bellen, élu en 2016 pour faire barrage au candidat du Parti de la Liberté (FPÖ) estime, pour sa part, que «délibérément utilisées ou non, les formules pouvant être comprises comme autant d'allusions aux heures les plus sombres de notre histoire ne doivent trouver aucune place dans le discours politique» alors que Christian Kern, l'ancien chancelier social-démocrate suggère à son successeur de «sanctionner ce dérapage» nuisible à la réputation de l'Autriche. Enfin, au vu de ce qui se passe en Hongrie, en Pologne et en Autriche et qui risquerait de faire tâche d'huile si l'on n'y prend garde, est-ce user de mauvaise que de dire que certains gouvernements sont en train de pousser l'Europe à faire revivre à ses peuples une très sombre période de son Histoire? Quoiqu'il en soit, espérons que les peuples européens sauront sauvegarder leurs libertés en les défendant comme il se doit...