Les pesticides, utilisés pour réaliser une production agricole suffisante et à moindre coût, sont attaqués de toute part. Pourtant, le marché est chiffré à 1,5 milliard de DH. Au Maroc, la demande pour ces produits ne cesse de croitre. C'est un marché qui croît de 30% contre 20%, selon Anouar Alasri, directeur général d'Eléphant vert Maroc. La demande a surtout augmenté dans la céréaliculture, la filière des fruits et légumes. Selon les dernières statistiques, dix cultures consomment pratiquement 80% des pesticides (11,25% pour la tomate sous serre, 9,21% pour les betteraves à sucre et 9,12% pour les agrumes). Sachant que le marché est totalement satisfait par les importations, précise Alasri. Le commerce des pesticides est strictement réglementé. En effet, le distributeur doit être homologué. Une autorisation de mise sur le marché « AMM », délivrée par l'Onssa, est nécessaire pour importer et distribuer des pesticides agricoles. Les homologations ne sont accordées qu'aux pesticides à usage agricole ayant fait l'objet d'un examen destiné à vérifier leur efficacité et leur innocuité à l'égard de l'Homme, les animaux et de leur environnement. Cette vérification peut, notamment, être effectuée par un contrôle de leur comportement physique, chimique, biologique ou toxicologique, éventuellement complété par des essais biologiques effectués par les services chargés de la protection des végétaux. En dépit de cette réglementation, les produits de contrefaçon et de contrebande, parfois obsolètes, circulent sur le marché. Ils proviennent de l'Asie, mais aussi des petites usines locales. La contrebande et la contrefaçon représenteraient au moins 10% du marché. D'autant plus que les bonnes pratiques agricoles (BPA) ne sont pas toujours respectées. Les rares analyses des pratiques agricoles soulignent le fait que les producteurs ne mettent pas en œuvre les BPA. Une étude de l'Onssa, élaborée en partenariat avec l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture les pesticides sont incriminés dans 5% des cas d'intoxications aigues déclarées officiellement. La chaine de contrôle à l'importation reste entachée de failles malgré les verrous introduits par l'Onssa et le ministère de tutelle. A la Croplife, association représentant l'industrie phytopharmaceutique, on ne cesse de recommander le renforcement de la division des intrants chimiques en moyens humaines et matériels afin qu'elle puisse s'acquitter convenablement des tâches qui lui sont assignées. Les capacités et les compétences du laboratoire officiel d'analyse et de recherche chimique devraient également être renforcées. Croplife propose aussi de créer un autre laboratoire GLP spécialisé dans le domaine des pesticides, afin de réduire les délais de contrôle à l'importation et surtout vérifier la qualité intrinsèque des produits qui peuvent contenir des impuretés non identifiées.Aujourd'hui, les bio-pesticides sont vus comme une alternative au chimique. Selon le DG d'Eléphant vert Maroc, il y a un fort engouement pour les bio-pesticides. Mais là encore, l'offre n'est pas au rendez-vous.