Dr Abdelouahed JraifiI, membre de l'RNJCS Avec l'évolution du secteur des nouvelles technologies d'information et de communication (TIC) en général et le secteur des télécommunications Haut Débit (HD) en particulier, de nouvelles voies s'offrent à notre pays pour assurer la transformation sociale et économique. Cette transformation n'aurait pas été possible sans la transformation digitale dont les réseaux télécoms (FTTH, 4G, 5G) constituent la pierre angulaire. On entend par digitalisation, les changements en relation avec l'application des TIC dans une société donnée, elle se base principalement sur les piliers suivants : l'Internet des objets (IoT), le big Data, le temps réel et la mobilité. Quant à la transformation digitale, nouveau concept qui fait du buzz terme ces dernières années, elle est considérée par le Professeur et l'académicien français, Michel Serres, comme étant la «Troisième révolution anthropologique majeure». Le digital peut être un vrai vecteur de développement économique et social et le Maroc est un pays de référence dans le secteur du numérique pour les pays africains et arabes, surtout dans le domaine de l'accès aux TIC. Selon le rapport annuel du World Economic Forum, en 2016, le Maroc est classé en position 78/139 pays selon l'indice NRI (Network Readness Indicator) au niveau mondial et avec cette position, il est classé premier au Maghreb. L'avantage du Maroc revient à l'accessibilité aux TIC et à ce niveau il est classé 20e au niveau mondial. Pour rappel, le NRI est un indicateur synthétique qui permet de déduire l'efficacité des pays dans l'utilisation des TIC. Selon un communiqué de presse de l'ANRT, du 25 Septembre 2018, le parc des smartphones est estimé à plus de 22,6 millions et 86 % des individus disposant d'un smartphone, l'utilisent pour accéder à l'Internet, soit près de 19,6 millions d'individus et en 2017, 60 % des ménages sont équipés en ordinateur et/ou tablette. Tous ces chiffres ont impacté positivement le processus de transformation digitale dans notre pays. Cette transformation ne se contente pas uniquement de la dématérialisation de processus, mais va jusqu'au bouleversement des frontières et changement de paradigme. C'est l'émergence d'un nouveau monde qui annonce l'avènement d'une nouvelle société avec un nouveau mode de produire, de travailler, d'échanger et de penser. Le plus important aussi, la révolution numérique a brisé la notion d'espace et de temps. Pour le développement du digital au Maroc, plusieurs projets et chantiers ont été lancés dont je cite les principaux : Maroc numérique 2009-2013, Note d'orientation générale de 2012 et de 2014, Maroc numérique 2020 et plan Maroc THD. Et dans le souci visant l'accélération du processus de la digitalisation, une Agence de Développement du Digital (ADD), en vertu de la loi 61-16, a été créé le 22 décembre 2017 et placé sous la tutelle du ministère de l'Industrie, du commerce, de l'investissement et de l'économie numérique. En plus de sa mission de suivi de la stratégie Maroc numérique 2020, elle a 16 projets en cours, dont le développement d'un Digital Lab et d'une Usine 4.0 qui vont servir comme maquette pour les PME afin de tester leurs services. J'estime que des stratégies, parfois, n'aboutiront pas aux résultats et objectifs escomptés au profit de notre pays tant que n'y sont pas impliqués les vrais acteurs de l'écosystème digital (Chercheurs universitaires, équipementiers et industriels) et je suggère que nous commencions par préconiser la tenue d'une réunion de haut niveau consacrée uniquement à la transformation digitale au Maroc, le but étant de proclamer solennellement l'importance et la priorité que revêt la transformation digitale dans la réalisation de la transformation économique et sociale. En somme, je pense que tous les ingrédients de développement sont là pour faire de notre Maroc un leader dans le domaine de la transformation digitale. Avec la création de l'ADD, en 2017, j'espère que la première priorité sera consacrée aux enjeux touchant la vie quotidienne des Marocains et que les secteurs de l'éducation, la formation et la santé seront les plus touchés.