Aïcha Lablak, présidente du GPPS La présidente du Groupement parlementaire du progrès et du socialisme (GPPS) du parti du progrès et du socialisme (PPS) à la Chambre des représentants, Aïcha Lablak estime que le gouvernement n'est pas réactif avec l'action législative du parlement. Dans cet entretien, la députée du PPS met également en garde contre le phénomène des campagnes électorales prématurées au sein de l'Hémicycle. Les propos. AlBayane : L'institution législative vient de clôturer sa session d'automne. Quel bilan dressez-vous de la production législative de cette première session de l'année législative 2018-2019 ? On pourrait considérer que le bilan de cette session d'automne du parlement est globalement positif. En effet, au niveau législatif, un certain nombre de projets de loi ont été examinés et approuvés. Le projet de loi de finance est le plus important acte législatif qui exigeait un travail de fond durant plus d'un mois afin de mettre au point et dévaluer les politiques publiques dans les différents domaines, tout en essayant d'orienter les choses dans le but d'améliorer les conditions de vie des citoyennes et des citoyens et de préserver leur pouvoir d'achat. En plus de cette loi, il y avait au menu législatif, notamment le projet de loi relatif au service militaire et ses avantages, la réforme des centres régionaux d'investissement (CRI), le code de commerce et l'assistance médicale à la procréation. Ce processus législatif était accompli dans le sens de renforcer l'édifice démocratique, l'Etat de droit, la séparation des pouvoirs, consolider l'indépendance de la justice et l'organisation judiciaire. Sur ces différents registres, nous étions présents, actifs, productifs. S'agissant du suivi et du contrôle de l'action gouvernementale, il faut dire que l'institution législative était présente, active et interactive avec les attentes de la population. C'est dans ce sens que les fichiers des hydrocarbures et des carrières ont été abordés, en plus du suivi, via la commission des finances, des dépenses publiques, du fonds de la cohésion sociale, du RAMED et des entreprises publiques, notamment l'Office national de l'électricité et de l'eau (ONEE), l'Office national des chemins de fer (ONCF) et le rapport de la Cour des comptes sur la caisse de dépôt et de gestion (CDG), entre autres. A ce propos, force est de constater que le gouvernement n'était pas réactif avec les propositions législatives des représentants de la Nation. D'où la nécessité de revoir les mécanismes en vue de promouvoir l'initiative législative du parlement, redorer son image auprès de l'opinion publique et agir afin que l'institution législative ait un impact sur les politiques publiques, les services publics et sur la vie des citoyennes et des citoyens. Lors de l'ouverture de cette session, SM le Roi avait souligné dans son discours à l'occasion de ce rendez-vous constitutionnel annuel, que «cette année législative s'amorce à un moment où «responsabilité et travail sérieux» sont érigés en mots d'ordre». Qu'en est-il de la réalité du circuit législatif? SM le Roi a fait un cadrage politique général lors de son discours à l'occasion de l'ouverture de la session d'automne. Ce discours, qui est d'ailleurs suivi par tous les acteurs de la société et pas uniquement les parlementaires, est une véritable feuille de route dans laquelle le souverain a souligné «la responsabilité et le travail sérieux» qui devaient être érigés en mots d'ordre. Agir et présenter des solutions aux attentes de la population, mettre en place un nouveau modèle de développement qui aura un impact sur le volet social de la population, réduire les inégalités sociales et spatiales, réhabiliter l'action politique et le rôle des parlementaires, des élus, opter pour la proximité et partant la confiance des citoyens dans la politique… La chambre des représentants entamera la session du printemps avec une nouvelle configuration de son bureau. A votre avis, quels sont les enjeux et les défis? La prochaine session, celle du printemps, sera marquée par le renouvellement des instances dirigeantes de la Chambre des représentants. A ce propos, il faut agir pour que le scénario ayant ponctué le démarrage du mandat, notamment son «blocage », ne se reproduise pas lors du démarrage de cette session. Il faut éviter toute forme de crise politique, surtout que de grands défis se profilent à l'horizon. Pour ce faire, il n'est plus permis de gaspiller le temps parlementaire pour achever le processus de concrétisation de la Constitution avec la mise au point notamment de la loi organique relative l'officialisation de la langue amazighe et la création du conseil national des langues et de la culture marocaines ainsi que la loi sur la grève et la loi cadre sur l'éducation et l'enseignement. Le chantier du dialogue social devait également être bien mené. Il s'agit en fait d'un arsenal législatif structurant pour la société et autour duquel il va falloir dégager un consensus. Lors de cette session, les campagnes électorales prématurées ne devaient pas investir l'espace parlementaire. Si l'opposition tient un discours dans ce sens, cela pourrait se comprendre eu égard à sa position par rapport à l'Exécutif, mais au cas où le phénomène envahit la majorité parlementaire, cela impacterait négativement l'action parlementaire et influencerait le gouvernement qui devait honorer ses engagements dans le programme gouvernemental. Bref, il faut prendre en compte l'intérêt général de la Nation et du peuple qui est au dessus de tous ces calculs politiciens étroits.