Aicha Lablak, présidente du Groupement parlementaire du PPS Dans cet entretien, Aïcha Lablak, membre du bureau politique du parti du progrès et du socialisme (PPS) et présidente de son groupement parlementaire à la Chambre des représentants, plaide pour le renforcement de l'action législative, appelle à élever le débat au sein de l'institution et du paysage politique et à poursuivre sereinement et démocratiquement la concrétisation de la Constitution de 2011. Al Bayane : Comment s'annonce pour vous cette rentrée parlementaire? Aïcha Lablak : La rentrée parlementaire constitue un moment politique par excellence dans tous les systèmes parlementaires. Les projecteurs des politiques, des observateurs et des médias se trouvent ainsi braqués sur l'institution législative. De même, la rentrée rappelle le contexte politique international, régional et national dans lequel elle intervient. Dans l'état actuel des choses, l'on constate que des défis politiques, économiques, sociaux et sécuritaires se profilent à l'horizon et qu'il va falloir conjuguer les efforts de tous les intervenants pour les relever. A ce propos, les débats politiques et parlementaires devraient être rehaussés pour redorer l'image de l'institution législative et assurer sa crédibilité aux yeux des citoyennes et des citoyens. C'est ainsi que cette institution représentative jouera pleinement son rôle pour consolider l'édifice démocratique du pays et renforcer ses institutions. Quelles sont les priorités de l'Institution législative pour cette session d'automne? Le projet de Loi de finances pour l'exercice de l'année 2018 devra constituer une véritable épreuve pour la coalition gouvernementale et sa majorité pour décliner sa politique et son programme qui a été validé par le Parlement, surtout que celle de l'année précédente a été examinée et approuvée dans une autre conjoncture transitoire. A ce propos, le projet de loi de finances pour l'année 2018, qui reflètera en chiffres les orientations économiques et sociales des politiques publiques, devra faire l'objet d'un débat politique et sociétal. Le PLF ne devra pas être traité comme une opération technique qui relève de la compétence des experts en matière de chiffres, mais en véritable projet déclinant la politique générale du gouvernement qui devra être examiné politiquement et socialement et voir dans quelle mesure il cadre avec le programme gouvernemental. Pour ce faire, les parlementaires devront jouer pleinement leur rôle sans verser dans des polémiques qui portent préjudice à l'institution parlementaire et à l'action politique dans sa globalité. J'aimerais également souligner à l'occasion de cette rentrée de la deuxième année législative de la dixième législature le fait que l'action législative devrait être renforcée au sein de l'institution législative et que celle-ci devra être un acteur de premier plan eu égard à sa spécificité et ses compétences. Un certain équilibre serait souhaitable entre le gouvernement et le parlement en matière de législation tout en renforçant le rôle de l'Hémicycle, en matière de suivi et de contrôle par la mise en place des commissions compétentes. Il faut également souligner que le Parlement devra fonctionner en parfaite harmonie avec l'esprit de la Constitution de 2011. Nous sommes en deuxième année législative de la 10e législature alors que la Constitution de 2011 n'est pas encore complètement concrétisée. Qu'en pensez-vous? Assurément, il faut poursuivre le chantier de la concrétisation de la Constitution de juillet 2011 par l'examen et l'approbation des lois organiques. A ce propos, il faut souligner une concrétisation saine et démocratique qui cadre parfaitement avec la philosophie du texte Fondamental qui a apporté des avancées considérables et progressistes, le domaine de suivi de l'application des lois en activant la mise en œuvre de leurs décrets d'application. Dans ce sens, il ne faut pas rester otage du volet juridique de la chose, mais il faut prendre également en compte l'approche pratique. Il faut que l'on mesure l'impact du travail des institutions et des instances de gouvernance sur la vie quotidienne des citoyennes et des citoyens et par ailleurs, que l'on constate le changement espéré.