Ayant rencontré, ce jeudi et pour la deuxième fois ce mois-ci, le Secrétaire Général de l'ONU, Antonio Guterres dans le cadre d'une «coopération renforcée» avec l'organisation internationale, après avoir signé mardi à Caracas, avec la FAO et l'UNICEF, deux accords portant sur l'alimentation scolaire, Jorge Arreaza, le ministre vénézuélien des Affaires étrangères, a saisi cette occasion pour dénoncer, dans une conférence de presse donnée au siège de l'ONU, le double-langage de la Maison Blanche. Considérant que le gouvernement de Washington est «un gouvernement hostile qui vous tue d'un côté et vous donne à manger de l'autre», le chef de la diplomatie du Venezuela refuse d'admettre que celui «qui vous menace de faire usage de la force, d'une invasion, d'un blocage, qui donne à d'autres pays l'ordre de vous bloquer a vraiment envie de vous apporter une aide humanitaire». D'ailleurs, pour le chef de la diplomatie de Caracas, «il n'y a pas de crise humanitaire au Venezuela (mais) une économie bloquée et assiégée». Pour rappel, dès fin janvier, le secrétaire américain au Trésor avait gelé tous les actifs de la compagnie nationale vénézuélienne Petroleos de Venezuela S.A. (PDVSA) pour l'obliger à transférer son contrôle «au président intérimaire ou à un nouveau gouvernement démocratiquement élu». Mais, cette mesure n'est pas nouvelle puisque, comme l'a affirmé au micro de France-Info, Jean Jacques Kourliandsky, chercheur à l'Institut des Relations Internationales et Stratégiques (IRIS) et spécialiste de l'Amérique latine, elle avait déjà existé en 2014 sous l'administration Obama à un moment où les relations entre les deux pays étaient plutôt «difficiles». Et si, comme l'avait signalé un rapport de l'OPEP daté de 2010, le Venezuela possède les plus grandes réserves de pétrole au monde et qu'en outre ce pays est allié à des Etats «qui ont des relations difficiles avec Washington (…) comme la Chine, la Russie, la Turquie ou l'Iran», Trump aurait donc moult raisons de contraindre Maduro à laisser sa place à un président «docile» et à «un gouvernement ami». L'autre argument qui plaide en faveur de l'éviction de Maduro serait d'ordre idéologique car, après la disparition de l'U.R.S.S., Donald Trump a besoin de faire du président du Venezuela «un ennemi idéologique» puisqu'il est supposé représenter le courant bolivarien, un courant qui condamne «l'impérialisme américain». N'avait-il pas dit, lors de sa campagne électorale en parlant de sa rivale Hillary Clinton, que «si elle gagne, on aura le communisme et le Venezuela à la maison»? Il ne faut pas oublier, également, qu'en se désintéressant, peu ou prou, de l'Amérique latine pendant les mandats des présidents Bush et Obama, les Etats-Unis avaient laissé la voie libre à la Chine qui se trouve, désormais «bien installée» au Venezuela aux côtés de la Russie; une raison supplémentaire qui fait que l'éviction de Maduro entre, désormais, dans un cadre «géopolitique» et que les Etats-Unis se doivent de faire encore appel à leur fameuse et non moins fumeuse «doctrine Monroe» pour essayer de «reprendre du terrain». Y parviendront-ils aisément alors que les chinois et les russes, bien que tapis dans leur coin, veillent au grain? Rien ne le laisse entendre pour l'heure mais attendons pour voir…