Ce n'est pas vraiment une surprise. Le vote du projet de loi cadre sur l'Education n'a finalement pas eu lieu le mardi 12 février. Le président de la commission de l'enseignement de la chambre des représentants, Mohamed Mellal, a annoncé un report sine die. Pourtant, les groupes de la majorité et de l'opposition avaient annoncé être parvenus, fin de semaine dernière, à un consensus sur des dispositions très controversées. Les députés s'étaient mis d'accord sur les deux points de discorde, à savoir le maintien de la gratuité de l'enseignement et l'enseignement des matières scientifiques en langues étrangères. L'accord prévoyait de déposer des amendements communs visant à garder la langue arabe comme langue d'enseignement principal avec une possibilité d'enseigner certaines matières en langues étrangères. Le deal prévoyait aussi la suppression des dispositions relatives aux frais de scolarité. Avec ce nouveau report, le projet de loi attendra la prochaine session parlementaire, celle d'automne étant clôturée. Toutefois, le député Jamal Karimi Benchekroun, membre du groupement du PPS, n'exclut pas une session extraordinaire pour entériner ce texte qui, dit-il, ne connait pas de blocage. «Compte tenu de l'importance de ce projet de loi, il a été jugé préférable de reporter son adoption, le temps de parvenir à un compromis», souligne t-il. Concrètement, l'adoption en commission bute sur les langues étrangères. Certaines formations de la majorité et de l'opposition accusent le PJD d'avoir changé de position au lendemain du compromis conclu. Depuis le début de l'examen du texte, le PJD considère que l'arabe et l'amazigh, deux langues officielles consacrées par la Constitution, doivent être présents dans toutes les filières, y compris scientifiques. Ce à quoi les parlementaires du PAM répliquent qu'il ne faut pas faire d'amalgame entre la question de l'ouverture sur les langues étrangères et le problème de l'identité nationale. Seulement, la position du PAM est loin de faire l'unanimité au sein de l'opposition. En effet, l'Istiqlal avait aussi plaidé pour le maintien de l'arabisation des matières scientifiques. D'autres partis de la majorité et de l'opposition voient les choses sous un autre angle. L'ouverture sur les langues étrangères est indispensable pour faciliter l'intégration des jeunes dans le marché de l'emploi, surtout que le secteur privé privilégie les profils francisant ou bilingue. En gros, «nous avons besoin de langues étrangères pour faciliter la communication», estime le député du PPS. Quant à la gratuité de l'enseignement, les groupes parlementaires ont certes bloqué l'instauration de frais, mais ils insistent aussi sur la nécessité de trouver d'autres moyens de financement. Sur ce point, Jamal Karimi Benchekroun, propose que le financement soit géré au niveau local. L'idée est de pousser les acteurs locaux à s'impliquer dans ce chantier. Il suggère également la création d'un fonds destiné à l'éducation. Celui-ci devrait particulièrement alimenté par le secteur privé.