Ni la charte nationale sur l'environnement, encore moins les dispositions écologiques auxquelles notre pays s'était soumis lors des multiples COP ad hoc dont celle de Marrakech, il y a deux ans, ne sont censés tolérer l'état piteux dans lequel se trouvent la faune et la flore du lac de Dar Bouazza. Une vidéo lugubre fait actuellement le tour des réseaux sociaux, faisant part de cette piètre situation dans laquelle se débat la fameuse Daya en question, dans la périphérie de Casa. Depuis qu'on s'est intentionnellement permis d'assécher ce site littoral pour avoir dressé des estacades, obstruant le passage d'eau douce des sources qui alimentent le débit hydrique, ce somptueux bassin s'amenuise au fil du temps. Révoltée par ce génocide naturel, la société civile lance des appels de détresse aux décideurs concernés, dans l'espoir de sauvegarder cette unique zone humide de la région, parmi les plus prisées du pays. Etalé sur plus de 18 hectares, ce baguier sublime renferme une myriade d'espèces d'oiseaux migrateurs et une panoplie d'acabits de végétation. Il ne fait donc pas de doute que la décadence du cours affaiblit en permanence cet écrin de haute qualité environnementale et, par la force des choses, réduit sa vitalité sur l'ensemble de ses constituantes. Depuis le mois de mars de l'année en cours, date de l'entrée en lice des engins saccageurs dans l'étang pour ériger ladite digue, le déclin se fait gravement ressentir dans les lieux abandonnés à leur sort. Face à ce carnage, les responsables de la préfecture de Nouaceur et du bassin hydraulique du Bouregreg et de la Chaouia ne pipent mot, en dépit des cris d'alerte des habitants avoisinant de la commune de Dar Bouazza, sur la route côtière d'Azemmour. Espace de prédilection des amateurs en quête d'agrément et des naturalistes animaliers, cette lagune aurait fait l'objet de convoitise des particuliers privés qui visent d'en immatriculer la partie centrale auprès des services du cadastre et de la conservation foncière. Mais, croit-on savoir, une farouche opposition à cet accaparement illégal s'est illico diligentée contre l'enregistrement du dossier de réquisition, afin de préserver ce domaine public qui continue à abriter de rares sortes d'herbacées, d'insectes et de volailles. Malgré la détérioration déplorable de ce milieu aquatique qui ne cesse de drainer les adeptes de la détente et de la découverte, les autorités brillent encore par leur léthargie à son égard. En fait, un entendement équitable semble départager les parties litigieuses selon lequel la zone obstruée serait débouchée et l'adjudication de l'occupation temporaire n'affecterait aucunement la vocation écologique du site. En ces termes, l'Etat se préserverait le droit de regard, en sa qualité de parraineur du domaine public. Toutefois, si sur côté, la loi est formelle et ne souffre d'aucune contestation, l'intérêt que l'Etat devrait porter quotidiennement au site, laisse à désirer. Il ne suffirait pas de garder le patrimoine public, encore faut-il veiller à la pérennité de son état et à valoriser son apport. Ce dont souffre actuellement Daya de Dat Bouazza et probablement, ses pareilles sur la totalité du territoire national qui regroupe des merveilles naturelles!