Ce mardi soir, l'ancien Premier ministre de François Hollande, Manuel Valls, a annoncé officiellement, lors d'un discours, donné au Centre de la Culture Contemporaine de Barcelone et devant un parterre de journalistes, son intention d'être candidat à la Mairie de la capitale catalane, sa ville natale et la deuxième ville espagnole ; un choix qui, selon lui, «n'est pas une rupture (car) c'est le même chemin, celui de l'Europe». «Je veux être le prochain maire de Barcelone» a dit celui qui, après avoir passé quarante années à naviguer dans la politique française, a choisi de tourner la page et de «servir » la terre de ses aïeux. Ainsi, même si «l'avenir de Manuel Valls s'écrit, désormais, à Barcelone», ce dernier dira : «J'aime la France… Ce pays a permis à un fils de Barcelone naturalisé à seulement 20 ans d'être maire, député, ministre et Premier ministre». C'est dire que l'homme a eu beaucoup d'ambition… Mais sa cuisante défaite aux «primaires» du Parti Socialiste en 2017 avait mis un frein à ses ambitions présidentielles dans sa patrie d'adoption. Aussi, s'était-il tourné vers sa terre natale. Multipliant, depuis lors, ses voyages en Catalogne et principalement à Barcelone, Manuel Valls avait fini par bénéficier de l'appui du parti Cuidadanos, libéral, farouchement opposé à l'indépendantisme. Ainsi, bien que Barcelone soit une «ville de gauche» et qu'il était lui-même homme de gauche, Manuel Valls finira par défendre les couleurs du parti libéral lors des meetings et des manifestations organisés contre les indépendantistes catalans qui avaient tenté en Octobre dernier de faire sécession. En outre, pour mieux marquer son retour au bercail, l'ancien Premier ministre de François Hollande est même devenu professeur au sein de l'ESADE, une prestigieuse école de commerce barcelonaise. Bien que préconisant, dans un discours tantôt en français tantôt en castillan ou en catalan, une politique de relance du logement, de la sécurité et de la lutte contre la précarité – ce qui relève du «municipal» – Manuel Valls n'en oublie pas pour autant de rappeler l'ancrage européen de Barcelone car pour lui «Barcelone ne doit pas être la petite capitale d'une république de Catalogne imaginaire, Barcelone ne doit pas être seulement catalane mais la capitale du sud de l'Europe». Se lançant donc «sans étiquette» dans la bataille municipale de Mai 2019 tout en étant assuré du soutien du parti de centre-droit Cuidadanos, Manuel Valls qui déclare «j'étais socialiste, je suis républicain, je serai indépendant» propose, dans un discours plutôt rassembleur, un projet de société qui se voudrait être «le fruit d'une construction commune avec les citoyens». Pour sa campagne électorale, Manuel Valls a fait appel à Pasqual Maragall, celui qui était en charge du secteur de la communication du FC Barcelone (1982-1997) au moment où la capitale catalane avait accueilli les Jeux Olympiques de 1992. Rappelant, enfin, que « comme ministre de l'Intérieur, (il avait) porté la loi de Février 2014 interdisant le cumul des mandats», Manuel Valls qui reconnait qu'il aurait été «inconcevable de garder un pied de chaque côté des Pyrénées» a tenu à préciser qu'il n'a jamais caché son intention de quitter, au début du mois prochain, son siège de député à l'Assemblée Nationale. L'ancien Premier ministre «français» parviendra-t-il à «tirer son épingle du jeu» et à sortir la tête haute de ce scrutin de liste à un tour qui se déroule au-delà des Pyrénées alors même que, pour les autres formations politiques en lice, il n'a rien d'un messie ? Rien n'est moins sûr pour l'heure mais huit mois nous séparent encore des municipales, alors attendons pour voir…