Après un printemps et un été au paradis, Luka Modric a été sacré joueur de l'année 2018 par la Fifa, lundi à Londres, à l'issue d'une saison de rêve pendant laquelle il a remporté une troisième Ligue des champions consécutive et porté la Croatie en finale de la Coupe du monde. Le petit meneur de jeu croate met ainsi fin au règne sans partage de Cristiano Ronaldo et Lionel Messi, qui trustent les Ballons d'or et les trophées Fifa depuis maintenant dix ans. Les champions du monde français pourront eux se consoler avec le trophée d'entraîneur de l'année attribué à leur sélectionneur Didier Deschamps, une récompense remise par une autre légende française du football, Arsène Wenger. Deschamps a devancé son coéquipier des champions du monde 1998, l'ancien entraîneur du Real, Zinédine Zidane, détenteur de l'honneur en 2017. « Sans les joueurs, on ne peut rien faire », a salué Deschamps. « (Ce trophée) c'est le mien, mais c'est surtout le leur. C'est quelque chose de personnel, mais c'est avant tout une aventure humaine. » Si aucun Bleu n'a reçu de trophée individuel lundi, pas même celui de meilleur gardien attribué au Belge Thibaut Courtois, préféré à Hugo Lloris, un deuxième technicien français a tout de même été honoré. Reynald Pedros a reçu le trophée de meilleur entraîneur d'une équipe féminine pour sa saison fantastique à la tête des Lyonnaises, qui ont conservé leur titre de championnes d'Europe pour la troisième année consécutive. Un exploit qu'appréciera Modric, lui aussi vainqueur des trois dernières C1. Le Croate avait été l'homme à tout faire du Real, orientant le jeu des « Merengue » avec brio pendant toute la campagne européenne. Si le Madrilène âgé de 32 ans était le maître à jouer en club, il s'est mué en général lors de la Coupe du monde en Russie. Portant les « Vatreni », il a éclaboussé la Russie de son talent et de son intelligence au service de sa sélection, devenant encore un peu plus une légende au pays. « C'est un grand honneur et un grand sentiment de me trouver là », a réagi le milieu de terrain. « Ce trophée n'est pas le mien, c'est celui de mes coéquipiers avec le Real et la Croatie, celui aussi de mes entraîneurs dans ces deux équipes. » « Cela a été une saison incroyable, la meilleure saison de ma vie », a-t-il ajouté. « Je ne réalise toujours pas à quel point cette année a été bonne collectivement et individuellement. Je suis très fier de tout ce que j'ai réussi cette année. On s'en rappellera encore longtemps. » Le panel de supporters, capitaines, sélectionneurs et journalistes a donc privilégié le savoir-faire et l'humilité du petit blond plutôt que le clinquant de son quintuple Ballon d'or de coéquipier Ronaldo, ou les statistiques de Mohamed Salah, la machine à marquer de Liverpool. Le Portugais, vainqueur des deux trophées Fifa Best depuis que l'accord entre la Fifa et France Football, fondateur et organisateur du Ballon d'Or, a pris fin en 2016, n'a d'ailleurs pas pris la peine de se rendre à Londres. L'Egyptien, lui, était venu: il est reparti avec le Prix Puskas du plus beau but de l'année pour son slalom dans le derby contre Everton en décembre 2017. Là encore, les champions du monde ont été oubliés: le latéral des Bleus Benjamin Pavard n'a pas été récompensé pour sa reprise venue d'ailleurs qui avait permis à l'équipe de France, alors menée 2-1, de reprendre le fil de son Mondial, en huitième de finale contre l'Argentine de Messi (4-3). Petite consolation, Raphaël Varane, N'Golo Kanté et Kylian Mbappé ont été nommés dans l'équipe de l'année, aux côtés des Ronaldo, Messi et Eden Hazard. Chez les dames, la Brésilienne Marta a été nommé joueuse de l'année. Au tour maintenant du Ballon d'or de récompenser son joueur de l'année. Reste à savoir si le Graal des footballeurs rejoindra l'armoire à trophées de Modric. Ce serait en tout cas une première, puisque depuis 2008, Messi et Ronaldo se partagent cet honneur.