Les chiffres publiés par le Haut-commissariat au Plan à l'occasion de la journée mondiale contre le travail des enfants, célébrée chaque année le 12 juin, font froid dans le dos. En effet, 247.000 enfants âgés de 7 à 17 exercent un travail. Parmi eux, 162.000 accomplissent des tâches particulièrement dangereuses, ce qui correspond à un taux d'incidence de 2,3%. Sans surprise, les mineurs issus du monde rural sont les plus touchés par ce phénomène. «Les enfants astreints à ce type de travail sont à 76,3% ruraux, 81% masculins et à 73% âgés de 15 à 17 ans», précise le HCP. Globalement, le niveau d'exposition des enfants à ce risque est plus élevé dans le secteur des BTP avec 92%, suivi de l' »industrie y compris l'artisanat » (83,7%), les services (82,4%) et l'agriculture, forêt et pêche (58,6%). En gros, le travail dangereux reste concentré dans certains secteurs et diffère selon le milieu de résidence. En milieu rural, les enfants effectuant un travail dangereux se retrouvent surtout dans le secteur de l'agriculture, forêt et pêche à hauteur de 82,6%. Mais en villes, ils sont concentrés dans les services (52,7%) et dans l'industrie-artisanat (32%). Par ailleurs, 10,6% des enfants exerçant un travail dangereux sont en cours de scolarisation, 81,4% ont quitté l'école et 8% ne l'ont jamais fréquentée. Ce type de travail demeure l'apanage de certains statuts professionnels et diffère selon le milieu de résidence. En zones rurales, 73,3% des enfants exerçant un travail dangereux sont «aides familiales» et 19,6% « salariés». En milieu urbain, 43% des enfants sont «salariés», plus du tiers (34,6%) «apprentis» et 18,8% «aides familiales». A souligner, par ailleurs, que, si l'incidence du travail dangereux au Maroc est de l'ordre de 2,3%, elle est, selon les statistiques de l'OIT, de 4,6% à l'échelle internationale, représentant ainsi le double du niveau national. Cette incidence passe de 1,5% au niveau des Etats Arabes à 3,2% dans les Amériques, puis à 3,4% dans la région Asie-Pacifique, et à 4% en Europe et Asie Centrale pour culminer à 8,6% en Afrique.Elle cache, cependant, de grandes disparités selon les tranches d'âges. Elle est de l'ordre de 1% parmi les enfants de 7 à 14 ans et de 6% parmi ceux âgés de 15 à 17 ans au niveau national. A l'échelle mondiale, et selon la même source internationale, ces deux proportions sont respectivement de 2,9% et de 10,5%. Géographiquement, quatre régions abritent 70% des enfants astreints à ce type de travail. Ainsi, Casablanca-Settat vient en tête avec 25,3%, suivie de Marrakech-Safi (20,3%), puis Rabat-Salé-Kénitra (12,7%) et enfin la région de Fès-Meknès avec 11,7%.