L'espoir que suscitait la fête du travail, célébrée le 1er mai, s'est éteint. Aucun accord tripartite n'a été signé entre le gouvernement et les centrales syndicales les plus représentatives. Les syndicalistes, qui misaient sur le 1er mai pour décrocher des concessions, s'accordent à dénoncer l'échec des deux premiers rounds du dialogue social. Pour eux, l'offre présentée par le gouvernement à la veille du 1er mai reste en deçà des attentes. L'exécutif a décidé d'augmenter les allocations familiales de 100 dirhams, alors que les syndicalistes revendiquent la revalorisation des salaires, aussi bien dans le public que dans le privé. Miloudi Moukharik, secrétaire général de l'UMT, qualifie l'offre du gouvernement de« décevante» et de «discriminatoire» dans la mesure où l'offre elle limite l'augmentation proposée dans la fonction publique aux échelles 6 à 9,alors que le mouvement syndical plaide pour une augmentation générale des salaires. D'autant plus que cette augmentation, qui ne dépassera pas 300 DH, sera versée sur trois ans à compter du 1er janvier 2019. De plus, «le gouvernement n'a formulé aucune proposition visant à revaloriser le SMIG». Abdelakader Zair, secrétaire général de la CDT est du même avis. Pour lui, l'offre gouvernementale ne répond pas aux revendications les plus élémentaires de la classe ouvrière. Le gouvernement propose de créer un nouveau grade de promotion pour les fonctionnaires classés dans les échelles 8 et 9 et d'augmenter la prime de naissance de 150 à 1.000 DH à compter du 1er juillet 2018. Pour exécuter son offre, l'exécutif devrait mobiliser une enveloppe de 6 milliards de DH. Seulement, «tout accord qui ne répond pas à la revalorisation générale des revenus sera incomplet », estiment les syndicalistes. Du côté du gouvernement, on affirme que l'augmentation générale des salaires est inenvisageable pour ne pas impacter les équilibres financiers. L'exécutif estime le coût des revendications syndicales à près de 35 milliards de DH. Déjà, l'exécution de l'accord du 26 avril 2011 coûte à l'Etat près de 4 milliards par an. Face à cette impasse, les centrales syndicales réclament la mise en place d'un cadre juridique régissant le dialogue social. Pour eux, l'institutionnalisation des négociations donnera plus de force à leur cahier revendicatif. En attendant, un nouveau round de négociations est prévu dans l'espoir de parvenir à un accord final sur la signature d'une déclaration commune. Outre l'augmentation général des salaires, l'ordre du jour du prochain round comprend aussi le retrait du projet de loi organique sur la grève du circuit législatif. Les centrales syndicales considèrent que ce texte, actuellement au niveau du Parlement, limite les libertés syndicales. Au menu également, la réforme du code du travail en vue d'introduire de nouvelles dispositions destinées à protéger la classe ouvrière.