A quelques jours du 1er mai, date butoir fixée pour parvenir à un accord social, le dialogue social n'a pas bougé d'un iota. Depuis la première proposition chiffrée du gouvernement présentée par le ministre de l'Emploi, Mohamed Yatim, l'ensemble des partenaires sociaux campent sur leurs positions. Pendant ce temps, le patronat se place au-dessus de la mêlée en ouvrant le débat sur un nouveau contrat social, qui selon sa présidente «ne peut faire l'économie d'un dialogue constructif serein et responsable entre l'entreprise, les représentants des employés et l'Etat». C'est encore un 1er mai qui sera célébré sur fond de tension. Le Conseil national de l'Union marocaine du travail, qui s'est réuni mercredi, annonce la couleur. La centrale syndicale, qui s'était réunie le jour même avec le chef du gouvernement, dénonce à nouveau les politiques « impopulaires» de l'exécutif. Miloudi Moukharik fustige le manque de réactivité du gouvernement face aux revendications «légitimes» des syndicats. Pour les syndicalistes, l'équipe El Othmani n'a donné aucun signe qui présage d'une réelle revalorisation des salaires. Le gouvernement propose une légère amélioration des allocations familiales et de la prime d'accouchement pour préserver les équilibres financiers, tandis que les syndicats s'accrochent à une augmentation générale des salaires qui pourrait passer par la baisse de l'impôt sur le revenu (IR). Or, le principal objectif du dialogue social est d'aboutir à la hausse générale des salaires, aussi bien dans la fonction publique que dans le secteur privé. Le gouvernement propose d'augmenter le salaire de certains fonctionnaires de 300 DH. Les fonctionnaires de l'échelle 11 sont exclus. L'Exécutif suggère aussi d'augmenter la prime d'accouchement de 150 DH et de relever les allocations familiales de 100 dirhams pour chaque enfant. L'UMT qualifie l'offre du gouvernement de «médiocre», ne répondant pas aux attentes de la main d'œuvre et au minimum exigé par les syndicalistes. Ni la baisse des impôts, notamment l'IR, ni la hausse des indemnités ne sont à l'ordre du jour du gouvernement, regrettent la centrale syndicale. Autre point sur lequel bute le dialogue social : le projet de loi organique sur la grève, qui a voté par le précédent gouvernement. Tous les syndicats s'accordent à souligner que ce texte, actuellement au niveau du Parlement, limiterait les libertés syndicales. Ils plaident pour le retrait du texte, surtout qu'ils ont été marginalisés de son processus d'élaboration. Ils veulent également que le gouvernement fasse machine arrière sur la réforme des retraites. La réforme du code du travail figure aussi parmi les points de discorde. Les syndicalistes craignent l'introduction d'amendements visant à renforcer la flexibilité du travail. La réunion qui devait avoir lieu au Parlement, lundi dernier, en présence des patrons des syndicats les plus représentatifs, aurait plus désamorcer le blocage qui caractérise le dialogue social. Mais elle a été reportée à une date ultérieure. En attendant, les syndicalistes continueront d'affûter leurs armes. Ils ne signeront pas un nouvel accord tripartite avec le gouvernement tant qu'ils n'ont pas encore reçu d'offre répondant à leurs aspirations.