Le front syndical du Royaume s'élève contre le gouvernement. Dans un communiqué commun, la FDT, la CDT et l'UMT disent refuser la maigre proposition du gouvernement et appellent à une «riposte» à ce qu'ils estiment être une attaque à l'égard de leurs droits acquis. De quoi s'agit-il ? Le dialogue social n'aurait finalement pas abouti. La position des syndicats en question a été exprimée à l'issue de deux réunions. La première a eu lieu le 17 juillet tandis que la deuxième a été tenue le 21 du même mois et ce dans l'objectif d'étudier les situations financière, sociale, économique et professionnelle de la classe ouvrière marocaine ainsi que celles de l'ensemble des salariés. Il a également été question lors de ces rencontres de débattre de l'aboutissement des revendications communes que ces syndicats ont adressées au chef de gouvernement. Après avoir évalué les mesures proposées par le chef de gouvernement, AbdeliIlah Benkirane, lors de sa dernière rencontre avec les syndicats, ceux-ci semblent tout sauf satisfaits. «Ce qui a été proposé est loin de répondre aux aspirations de la classe ouvrière marocaine ainsi que l'ensemble des fonctionnaires. Pis, il ne répond pas au strict minimum des revendications exprimées par le mouvement syndical», a-t-on précisé. Ces trois forces syndicales réunies reprochent également au gouvernement d'ôter tout contenu positif au dialogue ainsi qu'aux négociations sociales et l'accusent d'être à l'origine de leur échec.
Qu'est-ce qui fâche les syndicats au juste ? Des décisions unilatérales, une non-prise en compte de façon globale de l'ensemble des revendications, et surtout la réforme des caisses de retraite. Sur ce dernier point, l'UMT, la CDT et la FDT annoncent clairement leur opposition catégorique à toute réforme de ce système qui soit faite aux dépens des intérêts des salariés et adhérents. «Nous tenons à une réforme globale et juste et mettons en garde le gouvernement contre le recours à des procédures légales pour faire passer ce qu'ils disent être une réforme. Autrement, ce serait au gouvernement d'assumer les conséquences d'une telle mesure», précisent les syndicats. Sur ce point, Miloudi Moukharik, secrétaire général de l'UMT, Mohamed Noubir Amaoui, secrétaire général de la CDT, et Abderahmane Azzouzi, numéro un d'une partie de la FDT qui lui est restée fidèle, sont tous les trois intransigeants. La réforme de la CMR envisagée par le gouvernement ne passera pas dans sa version actuelle. Le trio syndical menace ainsi l'Exécutif de recourir à d'autres formes de protestation. Simple tactique pour obtenir plus du gouvernement ou vraie panne du dialogue ? Dans tous les cas, cela ressemble à un nouvel échec du chef de gouvernement qui n'a pas réussi à convaincre les syndicats. AbdeliIlah Benkirane avait proposé aux syndicalistes, lors du dernier round du dialogue social, de porter la valeur des allocations familiales à 300 dirhams contre 200 DH actuellement et d'élargir ces allocations pour couvrir les cinq premiers enfants contre les trois premiers aujourd'hui. Le chef de l'Exécutif avait proposé, en outre, de faire passer le seuil des salaires exonérés de l'IR (Impôt sur le revenu) de 30.000 à 36.000 dirhams annuellement.