Fitch, qui vient de maintenir son investment grade (BBB) du Maroc, est loin d'être optimiste pour l'économie marocaine. Les analyses de l'agence de rating prévoient une baisse du PIB marocain. Celui-cidevrait passer de 4,6% en 2017 à 3% en 2018 avant de remonter à 3,8% en 2019. Derrière ce recul, la faible croissance agricole. En effet, «le PIB agricole ne progressera que légèrement en 2018 en raison d'effets de base défavorables, et ce en dépit des niveaux de précipitations favorables». De son côté, la croissance non agricole n'augmentera pas non plus de manière significative, malgré les IDE en particulier ceux de l'industrie automobile. En cause, «les obstacles structurels persistants, notamment des pénuries de main-d'œuvre qualifiée, de longs retards de paiement dans les secteurs public et privé, la taille importante du secteur informel et les obstacles à la concurrence». Ceci dit, ces faibles indicateurs contrebalancent les facteurs sur lesquels se basent Fitch pour noter le Maroc, en l'occurrence la stabilité macroéconomique continue et un déficit des administrations publiques inférieur à la médiane de la catégorie «BBB». Toutefois, les finances publiques s'améliorent progressivement, estime Fitch. Les prévisions de l'agence sont proches de celles annoncées par le gouvernement, à savoir un déficit budgétaire de 3,2% en 2018 contre 3,5% en 2017, avant de s'établir à 3% l'année prochaine. Le déficit total des administrations publiques, qui comprend également la sécurité sociale, les administrations locales et les unités extra budgétaires, se réduira à 1,4% du PIB en 2019 contre 2% en 2017, pour une médiane de catégorie «BBB» de 2%, alors que le déficit primaire des administrations publiques passera à l'équilibre pour la première fois. Quant à la dette publique, elle devrait diminuer légèrement pour atteindre 63,1% en 2019 contre 64,7% du PIB en 2016. Les garanties de l'Etat sur les dettes des entreprises publiques sont élevées à 14,3% du PIB à fin 2017. Le risque de les voir se matérialiser reste toutefois faible. Fitch prévoit que plus de 70% des besoins de financement du gouvernement central seront couverts par le marché local au cours des deux prochaines années. Parallèlement, le déficit du compte courant restera élevé et se stabilisera selon la même source à 3,8% du PIB en 2018-2019 contre une médiane de catégorie «BBB» de 0,4%, reflétant un déficit commercial stable tandis que la hausse des recettes touristiques sera contrebalancée par la baisse des dons des pays du Conseil de coopération du Golfe CCG. Par ailleurs, les analystes de Fitch qualifient la rentabilité des banques marocaines de «stable». Leur structure de financement basée sur les dépôts est une force. Cependant, Fitch affirme que la qualité des actifs est faible en raison de la concentration très élevée des débiteurs et de la part des prêts non performants de 7,6% en 2017. Le ratio d'adéquation des fonds propres du secteur s'établit à 13,6% et le passage à la norme IFRS 9 entraînera une augmentation des besoins en capital réglementaire. Hajar Benezha
Flexibilité du Dirham L'agence de notation souhaite que le gouvernement augmente progressivement la flexibilité du taux de change. Le but étant d'élargir graduellement les bandes flottantes du dirham au cours des prochaines années. Actuellement, la bande est élargie à +2,5% contre la bande de 0,3% appliquée avant le passage au nouveau régime de change.