Quelques jours à peine après avoir annoncé qu'il se portera candidat à sa propre succession lors des élections présidentielles qui se tiendront en Russie en Mars 2018 mais auxquelles, d'après les sondages, seuls 28% des électeurs compteraient participer, Vladimir Poutine, arrivé au pouvoir en 2000 dans un pays politiquement instable et à l'économie chancelante se targue aujourd'hui d'avoir conféré au pays stabilité et prospérité. Autant de raisons ayant poussé ce dernier à convier, ce jeudi 14 décembre 2017, près de 1650 journalistes à l'un de ces grands shows médiatiques dont il raffole et qui lui donnent l'occasion d'aborder, pendant des heures, des questions se rapportant aussi bien à la politique nationale et internationale de la Russie qu'à sa propre vie privée. Quelques journalistes présents dans la salle agitaient des pancartes où l'on pouvait lire «Krasnoïark étouffe» ou «Ukraine» pour attirer l'attention du président russe voire même pour le déstabiliser. Or, il semble qu'il faille beaucoup plus que cela pour perturber, un tant soit peu, celui qui, après avoir, en véritable chef de guerre, fait faire à la Russie un retour en force sur la scène internationale, a signalé, lundi dernier, à partir d'une base militaire russe en Syrie, qu'il allait retirer une partie des troupes dépêchées depuis deux ans par Moscou à l'effet de prêter main forte à Bachar Al Assad. Au cours de cette conférence de presse, le président russe a annoncé qu'en comptant sur «un large soutien des citoyens», il allait se présenter en tant que « candidat indépendant» soucieux de privilégier «l'augmentation des revenus des russes» dès lors que, durant ces deux dernières années, la chute des cours du pétrole et les sanctions occidentales ont fait que la Russie s'est trouvée face à une très forte récession économique et que les russes ont subi, de plein fouet, une très violente chute de leur pouvoir d'achat. Interrogé sur les raisons d'une absence d'opposition en Russie, Poutine a mis cela sur le compte du succès rencontré par sa politique économique et sur l'incapacité de ses concurrents à faire des propositions «réelles» avant d'ajouter, avec un sourire narquois au coin des lèvres, «ce n'est pas à moi de les éduquer» et de démentir, par la même occasion, toute velléité de les écarter. Un sondage, publié ce mercredi, placerait le Président Poutine en tête avec 75% d'intentions de vote, bien loin devant ses éternels rivaux que sont le communiste Guennadi Ziouganov et le nationaliste Vladimir Jirinovski alors que le libéral, Alexeï Navalny, qui se veut être son «opposant numéro un», reste, pour le moment, inéligible en raison de condamnations judiciaires qu'il réfute en les taxant de «politiques». Que dire pour terminer sinon qu'au cours de ce long face-à-face avec la presse, le Président Russe s'est présenté comme étant le seul garant de la stabilité d'une Russie qu'une opposition – très faible, au demeurant – s'acharnerait à vouloir plonger dans le chaos ?