En Belgique, une pièce de théâtre, «Djihad» d'Ismaïl Saïdi, a été reconnue d'utilité publique. Rien que cela. Repérée par une ministre locale, la pièce a été programmée pour prévenir la radicalisation dans les écoles. Son auteur, Ismaël Saidi, est devenu une star que les médias s'arrachent. CNN, RMC, Canal+, France 2, le Huffington Post, la BBC et deux chaînes japonaises sont déjà venus à Bruxelles à la rencontre de cet ancien flic de 39 ans, fils d'immigré marocain. Là-bas, en Belgique, les jeunes le révèrent. Tout ça grâce à Djihad, une simple pièce de théâtre, qui, en huit tableaux, retrace les aventures tragi-comiques de trois jeunes, qui ne jurent que par le Djihad même si s'ils n'ont jamais lu le Coran. Embrigadés, ils décident de partir se battre en Syrie pour sauver leurs frères musulmans. De Bruxelles à Homs, en passant par Istanbul, leur aventure tourne au cauchemar. Prochainement la pièce sera jouée au Maroc pour la première fois. Programmé dans le cadre de la saison culturelle des instituts français du Maroc du 12 au 17 octobre 2017 à El Jadida, Tanger, Rabat et Fès. Un peu moins de 2600 KM au sud, et plus précisément à Khémisset, petite ville entre Rabat et Meknès, un homme de théâtre, marocain lui aussi, animée par la même passion, l'amour du théâtre, se bat à main nue contre une bureaucratie nauséabonde d'une élite locale mal-élue et peu portée sur la chose culturelle. Las, l'homme de théâtre décide de protester et de faire entendre sa voie. Sa grève de la faim tourne mal au bout de trois jours à peine. Les images et les vidéos de l'artiste, Said Darif, président de l'association «Al Badil Al Moudii» pour le théâtre et la musique, relayées sur lesréseaux sociaux par donne froid dans le dos. Au bout d'un sit-in devant le siège du conseil communal de la ville de Khémisset, il a été transféré à l'hôpital provincial de la ville. Son état de santé est jugée critique! Les hommes de théâtre chez nous sont donc à prêts à mourir pour subvention maigre, dont la somme ne dépasse pas les 30.000 dh. Les larmes dans les yeux, l'artiste, dans une vidéo partagée par ses amis sur les réseaux sociaux, pleure non pas son état de santé mais celle du théâtre et de la culture dans sa ville et… dans son pays. Décidément, c'est en années qu'il faudrait calculer la distance entre Bruxelles et Khémisset.