Fort d'une longue et riche expérience en matière de gestion des ressources hydriques, le Royaume a été sollicité pour faire partie des 15 pays parrains de l' »Initiative l'eau et la paix » visant à réfléchir sur la problématique de l'eau et comment ériger cette denrée vitale en source de paix et non pas de conflits. En contribuant à cette initiative, le Maroc, représenté au panel mondial de haut niveau sur l'eau et la paix tenu jeudi à Genève, par Abdelaziz Ameziane, l'un des plus grands spécialistes marocains en matière des ressources en eau, met toute son expérience au service de la paix et de « l'hydrodiplomatie » mondiales. Après plusieurs réunions de travail en Suisse, initiatrice de cette initiative, au Sénégal, au Costa Rica et en Jordanie, le « panel mondial de haut niveau sur l'eau et la paix », constitué d'experts en gestion de l'eau et de hauts responsables des quinze pays parrains de l'initiative, a élaboré un rapport qui a été présenté lors d'une grande cérémonie. Lancé dans la capitale suisse le 16 novembre 2015 par 15 pays représentatifs de toutes les régions du globe, à savoir le Cambodge, la Colombie, le Costa Rica, l'Espagne, l'Estonie, la France, le Ghana, la Hongrie, la Jordanie, le Kazakhstan, Oman, le Sénégal, la Slovénie et la Suisse, le panel développe une série de propositions visant à renforcer l'architecture mondiale afin de prévenir et résoudre les conflits liés à l'eau et de faciliter le recours à l'eau comme facteur majeur pour l'édification de la paix. Un groupe de réflexion composé d'experts jouissant d'une grande expérience dans le domaine de la gestion des ressources en eau, dont de hauts responsables, a été mise en place en vue de réfléchir sur cette problématique et voir comment rendre l'eau une source de paix et non pas de conflits, a déclaré à la MAP, M. Ameziane. L'eau, étant une ressource essentielle pour la santé publique, la sécurité alimentaire, l'énergie, les services, les éco-systémiques, et en tant que facteur important pour le développement durable, est en train de devenir un défi mondial, alors que la concurrence pour contrôler les ressources hydriques ne fera que s'accroître à l'avenir en raison de la rareté de cette denrée et les besoins croissants en la matière, a mis en garde l'expert marocain. Selon M. Ameziane, qui a pris part aux différentes rencontres de réflexion, ainsi qu'à l'élaboration de ce rapport intitulé « une question de survie » articulé en sept chapitres lesquels couvrent les principaux domaines d'analyse et formule une série de recommandations, les tensions croissantes en lien avec les grands barrages ou les activités minières ainsi que divers conflits territoriaux et liés à la ressource hydrique illustrent à quel point l'eau peut être source d'insécurité que ce soit à l'échelle locale, régionale ou mondiale, d'où l'importance de trouver de nouveau mécanisme et d'encourager toute initiative visant la paix et la stabilité dans le monde. « Du fait de sa grande expérience reconnue au niveau mondial dans le domaine de la gestion des ressources en eau, le Royaume a été sollicité pour être l'un des parrains de l'initiative », souligne l'expert marocain. La contribution du Maroc touche entre autres les aspects techniques et ceux relatifs aux modalités de règlement des conflits internes ayant trait à l'eau, notamment entre riverains, entre usagers et entre intervenants, ajoute-t-il. Après plusieurs séances de travail à Genève, Dakar, au Costa Rica et en Jordanie, le panel a rédigé un rapport qui planche sur la problématique de l'eau à travers le monde et formule des recommandations qui seront soumises aux Nations unies en vue d'être traduites en actions concrètes sur le terrain, fait noter M. Ameziane. Cette initiative sera appuyée par une campagne internationale de communication baptisée «Blue peace» (la paix bleue), qui a été lancée par la même occasion. Cette initiative, d'après l'ambassadeur Nicolas Bideau, chef de Présence suisse, organisme relevant du ministère suisse des affaires étrangères, tend à contribuer, dans le cadre de l'hydrodiplomatie ou la diplomatie de l'eau, à faciliter l'accès à l'eau, à améliorer la gouvernance hydrique, à réduire la pauvreté et les conflits liés à l'eau et à permettre aux pays de se développer, partant du fait que l'eau constitue un élément clé du développement durable. L'initiative met un accent tout particulier sur la communication et la sensibilisation aux bonnes pratiques comme elle vise à susciter des débats autour de la gestion de l'eau, note M. Bideau dans une déclaration similaire. La problématique de l'eau est une question qui concerne aussi bien les pays développés que les pays en développement ou les pays pauvres, d'où l'importance d'une collaboration étroite entre tous en vue de surmonter tous les problèmes lié à l'eau, relève-t-il.