On s'y attendait. Les 120 premiers jours du gouvernement El Othmani n'ont pas échappé aux tirs croisés des partenaires sociaux. A l'UMT, le bilan des quatre premiers mois de l'exécutif est qualifié de «négatif». Pour cette centrale syndicale, qui a tenu sa session ordinaire au lendemain de la présentation du bilan des 120 premiers jours de Saâd Eddine El Othmani, «aucune décision concrète en faveur des droits sociaux et économiques des salariés n'a été prise depuis l'installation du nouveau gouvernement». C'est cette même centrale qui avait annoncé au lendemain de l'installation du nouveau gouvernement qu'elle accorderait à l'équipe El Othmani un délai de grâce de 100 jours. En revanche, le Conseil national de l'UMT pointe, dans un communiqué publié jeudi, le manque de réactivité du gouvernement face à la situation jugée critique des salariés et aux attentes des partenaires sociaux. Même son de cloche auprès des syndicalistes de la CDT, notamment Abdelkader Zaer. Selon lui, le dialogue social est toujours au point mort, alors que le chef du gouvernement avait promis d'accélérer la cadence après le 1er mai. Les bonnes intentions d'El Othmani avaient fait l'objet d'une circulaire adressée en juin dernier à son équipe pour renforcer le dialogue social. Depuis, «aucune réunion n'a été tenue avec les syndicats pour préparer les prochains rounds de ce dialogue ». Rappelons, toutefois, que des rencontres avaient été tenues avec le chef du gouvernement en avril dernier. Mais elles ont été qualifiées de «protocolaires» dans la mesure où l'objectif était seulement de rappeler le cahier revendicatif des syndicats.Ensuite, El Othmani a appelé ses ministres à ouvrir le dialogue, au niveau de leurs départements, avec les centrales syndicales pour s'informer des dossiers sociaux qui les concernent. Ces dialogues sectoriels lui permettront par la suite d'aborder des questions transversales et de traiter le cahier revendicatif dans sa globalité. Selon nos sources, l'ambition du chef du gouvernement est de relancer le dialogue avec les partenaires sociaux dès octobre prochain. Or, «une réunion doit être tenue au cours de ce mois puisque le dialogue social, institué en août 1996, prévoit deux sessions par an. La première se déroule en avril tandis que la seconde se tient en septembre», rappelle le numéro 2 de la CDT, qui a adressé une lettre de relance au chef du gouvernement, mais en vain! Parmi les points réclamés par les syndicats, le respect des libertés syndicales. Les syndicalistes n'ont pas encore avalé le fait qu'ils aient été marginalisés du processus d'élaboration du projet de loi organique sur la grève. Ce texte, actuellement au niveau du Parlement, est qualifié de mascarade. Les syndicats s'accrochent aussi à la revalorisation du SMIG, la hausse des salaires aussi bien dans le public que dans le privé ainsi qu'à la réforme de la grille de l'IR. La réforme du Code du travail, annoncée récemment par le chef du gouvernement, fait craindre aux syndicalistes l'adoption de mesures au détriment des salariés. Dans le cas contraire, «les partenaires sociaux vont poursuivre la lutte syndicale sous toutes ses formes», préviennent les patrons de l'UMT et de la CDT.