Les russes ont annoncé ce vendredi avoir probablement tué Abou Bakr Al-Baghdadi, le Chef du Groupe Etat islamique lors d'un raid aérien lancé le 28 Mai dernier sur une réunion de hauts dirigeants du Groupe près de Raqqa en Syrie. Ainsi, d'après un communiqué émanant du ministère russe de la Défense, le commandement du contingent militaire russe stationné en Syrie aurait été informé, à la fin du mois dernier, de la tenue au sud de Raqqa d'une réunion des responsables du groupe Etat islamique, destinée, selon ce dernier, à ouvrir un corridor au sud de la ville pour permettre aux combattants de Raqqa de sortir. Aussi, après un vol de reconnaissance effectué par un drone russe, l'aviation de Moscou a commencé à pilonner la zone en question par des frappes qui se seraient soldées par la mort de plusieurs «hauts dirigeants», «une trentaine de chefs de guerre» et près de «300 combattants» dont «le chef de la sécurité» d'Abou Bakr Al-Baghdadi et peut-être ce dernier lui-même. Mais, réelle ou supposée, la disparition du commandant de l'organisation Etat islamique ne risquerait pas de changer grand-chose à la situation du moment que ce dernier, qui n'est plus apparu en public depuis plus de trois années car traqué sans relâche par les forces de la coalition menée par les Etats-Unis, n'assurerait plus, depuis cette date, le commandement opérationnel du groupe et semblerait être plus préoccupé par sa propre survie et ce, d'autant plus que sa disparition ne porterait pas un coup très dur à une organisation dont le commandement est de plus en plus décentralisé. Ainsi, comme la mort de Ben Laden n'a pas donné lieu à la disparition d'Al Qaïda, celle d'Al-Baghdadi n'entrainera pas, de facto, la fin du Groupe Etat islamique. D'ailleurs, si l'élimination méthodique de leurs cadres peut affaiblir à court terme les entités précitées, elle contribue, néanmoins à moyen terme, à leur donner un sang nouveau du moment que le culte de la personnalité est absent de la culture jihadiste et que la disparition d'un chef donne automatiquement à ses subalternes l'occasion de le remplacer. Cette absence du culte de la personnalité au sein des groupes jihadistes illustre parfaitement leur pragmatisme. Traqués sans répit, ils sont donc préparés à la mort et tireraient même une certaine fierté du fait que celle-ci peut les emporter à tout moment «sur le champ de bataille» et non pas dans leurs lits à l'instar du commun des mortels. Disons pour terminer que les propos de l'armée russe ne sont pas à prendre pour argent comptant dès lors qu'il semble assez peu probable qu'Al Baghdadi se rende à une réunion regroupant plusieurs centaines de combattants et de surcroît dans une zone contrôlée par les Forces US et que le Kremlin s'était déjà attribué l'assassinat d'Abou Mohammed Al Adnani, le porte-parole de l'organisation alors qu'il serait tombé lors d'un bombardement effectué par les troupes américains en 2016.