L'initiative civile pour le Rif vient de livrer son rapport préliminaire sur la situation à Al Hoceima où les membres ont séjourné au cours de la semaine dernière pour s'entretenir avec les acteurs du mouvement de protestation. Le document, présenté jeudi lors d'une conférence de presse, remet en cause les accusations de séparatisme. «Nous n'avons pas eu l'impression d'être en présence de courant séparatiste ou de trahisons», a affirmé Mohamed Nesh Nach, coordinateur de l'initiative. Les acteurs du Hirak interrogés par les membres de la «Moubadara» ont d'ailleurs déclaré que «les quelques slogans séparatistes scandés ne font pas partie des slogans centraux de leur mouvement». Globalement, le rapport insiste sur le caractère pacifique des protestations, hormis quelques dérapages minoritaires. «Les revendications sont légitimes. D'autant plus que plusieurs chantiers n'ont pas été achevés», insiste Nesh Nach. L'ex-président de l'OMDH pointe le chômage et l'absence d'opportunités. Il appelle à la libération rapide des détenus du Hirak, surtout que les personnes arrêtées n'ont porté que des revendications sociales et manifesté pacifiquement. Autrement, «les protestations risquent de se poursuivre», prévient Nesh Nach. Jeudi, 25 des accusés ont été condamnés à 18 mois de prison ferme, 3 ont écopé de 6 mois de prison avec sursis et 4 autres ont deux mois de prison avec sursis. Selon ce rapport, la libération de ces détenus «est une condition pour rétablir confiance». Sur ce point, le document indique que le manque de confiance a contribué à l'affaiblissement des médiations. Ce qui a compliqué la mission de toutes les instances et rendu le seuil des revendications non exhaustif. Cependant, le rétablissement de la confiance ne peut être réalisé à travers les bonnes intentions, mais encore faut-il prendre des mesures concrètes et durables. Ainsi, les auteurs de ce rapport proposent des mesures urgentes comme la mise en place d'un fonds de soutien pour le Rif. L'idée est de répondre aux besoins de la population locale, notamment en matière d'infrastructures routières. Il s'agit également d'accélérer la création d'opportunités d'emploi à travers la mise en place d'incitations fiscales en faveur des entreprises, particulièrement les PME. De son côté, le Hirak doit faire preuve d'ouverture en acceptant de discuter avec le gouvernement, les partis politiques, les ONG et toute structure qui le propose. Ses acteurs sont également appelés à respecter l'opinion contraire et à rompre avec la violence verbale et physique. En gros, il faut «veiller à maintenir le caractère pacifique des manifestations», lit-on dans le document. Le président du collectif «Damir», également membre de l'initiative civile pour le Rif, conclu que la solution sera politique et royale. En attendant, notons que les membres de la Moubadara envisagent d'effectuer de nouvelles visites de terrain pour approfondir le dialogue avec la population locale et de rencontrer les ministres concernés par les revendications du Hirak.