C'est un acquis qui ne date plus d'aujourd'hui, certes. Mais, il importe de l'évoquer à nouveau, pour mesurer, à notre sens, l'importance notoire qu'il revêt et en tirer les enseignements qui s'imposent, pour d'autres conquêtes électorales, encore plus judicieuses. En fait, s'il y a une performance dont le champ politique marocain pourrait se targuer, ce serait incontestablement l'abolition du phénomène de la transhumance partisane. Une mesure fort salutaire qui aurait, sans doute, pénalisé, d'une part, le sordide nomadisme d'une certaine cohorte itinérante d'élus et, d'autre part, crédibilisé relativement une action représentative, longtemps mise à mal dans les diverses institutions électives du royaume. Désormais, depuis déjà quelques années, l'effectif des uns et des autres groupes et groupements demeurera inchangé durant le mandat, sans se soucier des glissements et infiltrations de part et d'autre, semant un discrédit écœurant. On se souviendra, à cet égard, de la mascarade dont fut l'objet la chambre des conseillers, lors du surpeuplement hybride d'une formation politique qui, à peine pondue et sans avoir jamais pris part aux élections au préalable, s'en trouvait au sommet de l'échelle, par un tour de prestidigitation hallucinant. D'autres grignotaient, par-ci, par-là, des épaves volantes, en quête de prestige. Aujourd'hui, cette supercherie révoltante n'est plus qu'un souvenir lugubre. Plus personne n'est censé se jouer de la déontologie des instances. Plus personne n'est en mesure de pomper dans les rangs des autres. Maintenant, si on ne pense même plus à cette imposture, des années durant, dans le paysage politique national, d'aucuns souhaiteraient vivement que le même effort passerait à un autre fléau qui continue à souiller l'opération de vote dans notre pays, quoique des avancées notoires aient émaillé ces récents parcours. Il s'agirait, en fait, de la profusion de l'argent sale qui prend le dessus sur le débat des idées et des programmes. Jusqu'ici, à défaut de mettre un terme à cette hécatombe qui ne cesse de ronger nos élections, les notabilités inciviques n'arrêteraient jamais de faire usage de cet «outil» infaillible, au sein d'un électorat frappé par le dénuement, l'illettrisme et la tentation. Certes, on a tenté certaines démarches coercitives dans le sens de l'endiguement de ces manies dévastatrices, au niveau des textes. Cependant, ni la volonté tamisée, ni l'action biaisée, ni la riposte fragilisée ne sont parvenues à y faire face. C'est là un chantier des plus rudes auquel se doivent s'atteler toutes les constituantes de la vie politique, afin d'asseoir un véritable jeu démocratique, axé sur le respect du texte et du contexte.