Ce mercredi, dans une vidéo mise en ligne par le gouvernement philippin et enregistrée juste avant qu'il n'écourte la visite officielle qu'il effectuait à Moscou après avoir pris connaissance des incidents survenus au Sud des Philippines, le Président Rodrigo Duterte a annoncé à la population que la veille le chef de la police de Malabang qui rentrait chez lui aurait été interpellé à un point de contrôle tenu par des terroristes puis décapité. Aussi, lui appartient-il de contrer les attaques des combattants ayant prêté allégeance à l'Etat islamique dont une centaine de militants étaient entrés la veille à Marawi en brandissant des drapeaux noirs identiques à ceux de l'Organisation de l'Etat islamique après que des combats aient éclaté à la suite d'un raid mené par les forces de sécurité contre l'endroit où est supposé s'être caché IsnilonHapilon. Ce dernier est un des leaders du groupe Abou Sayyaf, spécialisé dans les enlèvements crapuleux. Il est considéré comme étant le chef de la branche de l'Etat islamique aux Philippines et sa tête a été mise à prix, par les Etats-Unis, pour cinq millions de dollars. Les assaillants qui sont entrés dans la ville de Marawi se sont emparés d'une église, ont pris en otage un prêtre et plusieurs fidèles qu'ils ont menacé d'exécuter « si les forces gouvernementales lancées contre eux n'étaient pas rappelées», tués cinq soldats, incendié de nombreux bâtiments et mené diverses opérations de diversion. Autant de raisons pour lesquelles le Président Philippin, soucieux de «protéger la population» a menacé d'étendre à tout le pays la loi martiale mise en place la veille au sud des Philippines et donné ses directives pour que soit appliqué un régime d'exception dans la région méridionale de Mindanao couvrant près d'un tiers du territoire national et abritant 20% de la population; des mesures prises non seulement pour mettre fin aux combats qui se déroulent dans la ville de Marawi mais, également et surtout, pour contrecarrer la menace que fait peser l'Organisation de l'Etat islamique sur la région de Mindanao. Il convient de rappeler que la rébellion musulmane qui entend aujourd'hui établir un califat au nom de l'Etat islamique sur la région n'est pas récente. Elle date, en effet, des années 1970 et réclame, depuis lors, que lui soit attribuée une région autonome à Mindanao. Les combats qui l'opposent au pouvoir central se sont soldés par plus de 130.000 morts des deux côtés. Enfin, dans cet enregistrement vidéo destiné à la population, le Président Philippin, qui a rappelé que le pays a déjà connu la loi martiale durant les deux décennies du règne de Ferdinand Marcos, s'est engagé à être «sans pitié» à Mindanao et à être «dur» contre le terrorisme conformément à ses promesses de campagne ajoutant même qu'il se doit d'agir ainsi «pour préserver la République des Philippines et le peuple philippin».