Dans le baroud d'honneur qui l'opposait au gouvernement, le noyau de rebelles musulmans a finalement accepté de relâcher ses derniers otages. Après une série de négociations qui ont rassemblé pendant deux jours des médiateurs du gouvernement et les guérilleros, les otages encore retenus par les partisans du leader islamique Nur Misuari, ont pu retrouver ce mercredi la liberté. Les rebelles ont finalement accepté de relâcher tous les civils philippins, une soixantaine de personnes, dans les environs de la ville de Zamboanga, sur l'île de Mindanao, moyennant la garantie de leur propre liberté. 23 des 89 prisonniers avaient déjà été livrés aux autorités la veille. Cette libération devrait mettre fin aux violences qui ont secoué les Philippines et fait plus de 140 morts depuis la semaine dernière. Le 19 novembre, alors que le sud de l'archipel se préparait aux élections régionales (1,3 millions de personnes devaient se rendre aux urnes), le gouverneur en place, Nur Misuari, a lancé en vain une insurrection dans son fief de l'île de Jolo pour conserver le pouvoir. Le chef islamique ne pouvait en effet plus se représenter après son mandat de cinq ans. Lors des affrontements qui les ont opposé à l'armée, ses partisans ont perdu une centaine de combattants. Ils ont par la suite décidé de se réfugier dans un complexe gouvernemental de Zamboanga. C'est là que lundi, les responsables militaires ont lancé une opération de «nettoyage» en encerclant les rebelles et en les pilonnant grâce à l'aviation. Cette offensive a coûté la vie à 27 personnes dont 25 rebelles. Le dernier noyau des fidèles de Nur Misuari, prêts à se sacrifier, a alors pris en otage près de 90 civils en s'en servant comme bouclier humain. Fondateur du Front Moro de Libération Nationale (MNLF) dans les années 1970, Nur Misuari avait négocié une paix avec Manille en 1996 après 24 ans de guérilla séparatiste. Désavoué par son propre parti, il a la semaine dernière pris la fuite avant d'être arrêté samedi en Malaisie. Il risque une peine de vingt ans de prison. Selon le nouvel accord conclu dans la nuit de mardi à mercredi, les 200 rebelles restants ont accepté de remettre leurs armes. Transférés dans une "zone d'attente" à l'extérieur de Zamboanga, Ils devraient par la suite être autorisés à se disperser, a indiqué le général Roy Cimatu, commandant de la zone militaire sud. L'armée philippine a par ailleurs lancé une offensive contre un autre groupe extrémiste, Abu Sayyaf, spécialisé dans les prises d'otages contre rançon et soupçonné d'être lié avec Oussama ben Laden. Abu Sayyaf détient depuis juin un couple de missionnaires américain en otages.