Telle la tectonique des plaques, la configuration du champ politique national continue à interagir subrepticement avec la manifestation superficielle du rapport de forces qui commande profondément l'évolution de notre société clair-obscur. Chaque protagoniste a son analyse qui, chose normale, ne se retrouve pas généralement chez l'autre. L'anormal est qu'elle soit marquée par une distension, plus ou moins importante, par laquelle apparaissent des décrochements et des zones de faiblesses qui n'exclut aucune organisation politique. L'amincissement de l'écorce partisane est tel qu'il devient difficile de croire que l'article sept de la constitution détermine l'action actuelle des partis politiques pour assurer l'encadrement de la population et sa formation pour gérer les affaires publiques. Dissensions internes, recours aux tribunaux, règlements de comptes en usant de la «comm», violences, mercenariat politique, réseaux occultes pour préparer la relève et bien d'autres maux dont la politique de nos jours souffre atrocement. C'est l'image que la politique se donne dans notre pays ; et dans le raz le bol qu'elle provoque, très rares sont celles et ceux qui en sortent préservés. Au dénigrement perpétré par les adversaires du changement démocratique s'est ajouté ce relâchement structurel par lequel l'article sept de la constitution s'est trouvé caduque de facto. Que certains esprits ne se gargarisent pas de cette situation, surtout quand ils sont bridés, soit par leurs vérités et certitudes qui se reflètent dans un rétroviseur de plus en plus déformant, soit par ce mépris hautain et technocrate des masses « analphabètes et ventre creux ». La détérioration du champ politique national ne peut apporter ni à eux ni à personne une quelconque satisfaction. Elle ne peut être que réactionnaire et porteuse de culbutes dans la consolidation du processus démocratique. Les ratages qui en seraient la conséquence ne peuvent que retarder l'émergence socioéconomique du pays et l'édification de l'Etat national démocratique et moderne, où se promeut la justice sociale et se développe le bienêtre pour l'ensemble de la nation. Loin de pratiquer une fuite en avant pour éviter ce qui déplait ou ne pas vouloir prendre en compte ce qui se passe autour de soi, il s'agit d'affronter l'amère réalité ; en dénoncer les fomenteurs et mettre en œuvre un assainissement salvateur. Car, comme pour le mouvement de la Terre, on peut le dire aussi pour la politique: «et pourtant elle tourne» ; et il ne faudrait pas qu'elle fasse tourner les têtes. On ne peut l'aplanir en l'érodant jusqu'à la limiter à un discours flagorneur et mensonger menant «aux dérives de la vanité» sans se demander, comme le souligne le discours de Sa Majesté le Roi dans son discours du 30 juillet 2014 à l'occasion de la Fête du Trône, si «le citoyen marocain, qu'elle que soit sa situation matérielle ou sociale, et où qu'il se trouve, dans le village et dans la ville, sent une amélioration concrète dans son vécu quotidien, grâce à ces chantiers et à ces réformes». Aux mécréants de toujours à l'encontre de la consolidation du processus démocratique au Maroc; à celles et à ceux qui pratiquent la «grogne de salon» autant que l'abstention lors des opérations électorales, aux opportunistes de tout bord, fossoyeurs de la politique et prédateurs des richesses nationales, la mobilisation des forces vives et saines de la nation se renforcera dans la clarté et l'engagement pour réaliser ce qui est préconisé dans la première phrase du préambule de la constitution: «Fidèle à son choix irréversible de construire un Etat de droit démocratique, le Royaume du Maroc poursuit résolument le processus de consolidation et de renforcement des institutions d'un Etat moderne, ayant pour fondements les principes de participation, de pluralisme et de bonne gouvernance». Une participation massive, consciente, responsable et enthousiaste; un véritable pluralisme où la bonne gouvernance conduit à la construction d'un Etat de droit, moderne et démocratique.