Comportements imprévisibles aussi bien dans le temps que dans l'espace! Le drame de l'action politique dans notre pays ne semble plus faire sourire. Les échos et les éclats du recours aux mains se propagent encore sous les colonnes du parlement et s'étalent à travers les réseaux sociaux en donnant une dangereuse illusion de la pratique de la démocratie où la légitimité, le bien fondé et la bienséance sont absents. Sans aucune retenue ni pudeur, le désordre est pratiqué au moment même où l'appel solennel est lancé pour relever le niveau afin que les «comportements de certains élus» ne soient plus «préjudiciables à eux-mêmes, à leurs partis respectifs et à leur patrie, ainsi qu'à l'action politique». L'anormalité ne peut être acceptée; elle doit être dénoncée avec la plus grande vigueur, car elle n'est pas sans conséquences sur les relations de la population avec les acteurs politiques. La recomposition du paysage politique national, suite au décrochement (au sens tectonique du terme) suscité par l'alternance consensuelle, semble s'exercer dans la médiocrité et un déficit notoire de la représentativité nationale. Le risque de démotivation est réel alors que la mobilisation des forces vives de la nation est urgente devant les défis de la globalisation et ceux des crises économiques et financières qui se prolongent et dont la recrudescence va s'affirmer par les aléas climatiques et les nécessaires réformes imposées par la faillite annoncée des régimes de la retraite, du système de la compensation, de la sécurité sociale et autres prestations et services au sein d'une société qui évolue selon une temporalité hélicoïdale, entre le clair de la modernité et de la justice sociale et l'obscur de la réaction rétrograde et passéiste. S'ajoute à cela, des interrogations identitaires, pour le moins que l'on puisse dire, qui déchiquètent la certitude acquise d'une partie des «classes moyennes» dans leur fonction tampon contre l'extrémisme. L'accélération nécessaire des transformations économiques sociales et politiques ne peut disposer ainsi du potentiel de «forces démocratiques et progressistes» clairement reconnues et dont «la koutlatisation» permet le renforcement et la consolidation de l'Etat démocratique et moderne. A l'absentéisme chronique s'ajouteront la méfiance et «les malentendus» dans la gestion des affaires publiques minée de facto par «une logique du marché» qui a corrompue l'ensemble des relations déterminés par l'action politique. La maîtrise des partis politiques est elle-même en évolution, suite à des rapports plus mercantiles que militants, alors que la pauvreté, l'exclusion, le besoin, la culture de l'immédiat corrompent l'effet de représentation cherché à travers les élections. Les gratifications immédiates et un positionnement sociopolitique évanescent l'emportent sur les programmes de restructuration pour la construction d'un futur stable. Les préjudices portés par cela au développement d'une «politique autrement» font reculer pour autant la transformation sociale et la mise à niveau des facteurs la régissant. Le discours sonnera plus creux et la distension se fera au détriment de l'émancipation des masses populaires et de la libération des énergies constructives. Le désordre et le charlatanisme professionnel ne peuvent constituer un programme politique pour transformer une société au sein de laquelle le sous-développement sévit dans la mentalité et dans les faits. En plus de leurs malignités, ils cachent des intérêts «sonnants et trébuchants» liés à la spéculation, l'économie en noir et l'agiotage de toute sorte. Ils permettent à celles et à ceux qui les exercent de devenir des «barons» dont la notabilité permet la prétention de faire de la politique de l'instantanéité, sans que le présent se soucie du futur et des intérêts supérieurs de la nation. Politophages et nécropolitiques, ces comportements et les personnages qui les portent doivent dégager de la scène nationale pour permettre une bonne appréhension des politiques publiques et des actions publiques qui les soutiennent afin que l'institutionnalisation de l'espace politique se consolide pour le bienêtre des Marocaines et des Marocains dans leur ensemble. Dans l'étape historique où se trouve le pays, l'ajustement des pratiques politiques doit accompagner la normativité des pratiques gestionnaires à tous les niveaux afin que la dynamique du changement bénéficie à l'ensemble de la société et non permettre au désordre politique de s'instaurer en marketing politique.