Le cinquième Forum international Afrique Développement (FIAD), organisé par le groupe bancaire panafricain Attijariwafa Bank, a ouvert ses travaux jeudi 16 mars 2017 à Casablanca au Maroc, sur le thème «les nouveaux modèles de croissance inclusive en Afrique», et est particulièrement marqué par des panels sur l'urbanisation, l'inclusion sociale et l'inclusion financière. «Nous avons souhaité placer cette édition sous le signe de la croissance inclusive, car seule l'inclusion véritable est le garant de la pérennité et de la sécurité de notre continent», annonce Mohammed El Kettani, PDG du groupe Attijariwafa Bank lors de l'ouverture du FIAD 2017. Et de préciser : «Cela requiert de prendre le contrepied des tentations protectionnistes à l'œuvre au niveau international, en réaffirmant notre croyance dans un espace commun intégré, porteur d'espoir et d'avenir. Cela requiert également d'investir plus massivement dans le capital humain, dans la promotion de la femme africaine, dans le renforcement des infrastructures d'énergie, de transport et de logistique, et dans la mise en œuvre de schémas de gouvernance crédibles». «Cela requiert enfin d'impliquer les acteurs privés dans une démarche de création de valeur partagée à travers une co-localisation bien pensée assurant création d'emplois et transferts d'expertise, de maîtriser l'urbanisation du continent en veillant à une inclusion sociale génératrice de croissance, et enfin, d'assurer une inclusion financière forte permettant d'intégrer nos populations dans le secteur formel afin de bénéficier de l'accès au financement et à l'épargne », poursuit-il. Pour illustrer le modèle efficace et efficient de la coopération Sud-Sud en matière d'urbanisation et d'inclusion sociale, le FIAD a mis l'accent sur le projet de sauvegarde et de valorisation de la baie de Cocody en Côte d'Ivoire dans la capitale économique, Abidjan. En effet, depuis 2015, le Maroc, conduit ce chantier titanesque sur la lagune. «Le projet de sauvegarde et de valorisation de la baie de Cocody a franchi une étape importante de maturité », a estimé le directeur général de Marchica Med, Saïd Zarrou. Et d'ajouter : «c'est un rêve qui est en train de se réaliser ! » Dépolluer et réaménager la lagune est un projet gigantesque inspiré par les travaux réalisés à Nador, au Maroc. «La lagune de Marchica, très polluée, avec beaucoup d'ordures, etc., est devenue une perle. En moins de cinq ans, les oiseaux sont revenus, le poisson est revenu. Et c'est ce modèle-là que Sa Majesté le Roi Mohammed VI voulait qu'on partage avec nos amis ivoiriens», explique Saïd Zarrou, son directeur. «En 2020, on aura terminé, mais on aura terminé la baie de Cocody avant», a-t-il insisté. Par ailleurs, au cœur d'un débat sur l'urbanisation en Afrique, des experts africains ont discuté de la façon d'améliorer les conditions de vie de tous les citadins. En effet, «l'urbanisation et la démographie africaines sont un atout majeur. 187 millions de personnes supplémentaires vivront dans les villes africaines au cours de la prochaine décennie, et en 2034, la population active africaine atteindra 1,1 milliards de personnes, supérieure à celle de la Chine ou de l'Inde », a déclaré le PDG du groupe Attijariwafa Bank. Un véritable défi pour les dirigeants africains. Plus que jamais, les politiques urbaines doivent définir des schémas directeurs d'aménagement et des plans de développement qui prennent en compte à la fois les besoins des citadins en matière de services essentiels (eau potable, assainissement, électricité, accès aux soins, à l'éducation, aux sports et loisirs) et leurs attentes en termes de développement économique et de création d'emploi. « L'Afrique doit changer de paradigme et se repositionner en termes de compétitivité à l'international. Les Etats, les gouvernements et la société civile doivent travailler conjointement pour agir sur le climat des affaires et la gouvernance... Pour promouvoir la croissance inclusive, il faut promouvoir l'entrepreneuriat et les Partenariats Public-Privé et que les gouvernements soient des facilitateurs »a déclaré Miriem, Bensalah-Chaqroun, présidente de la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM). Dans ce sillage, la Société internationale islamique de financement du commerce(ITFC) et Attijariwafa Bank ont signé un mémorandum d'entente pour promouvoir les échanges commerciaux entre les pays arabes et africains. Dans le cadre de cette nouvelle forme de coopération, l'ITFC s'engage à fournir aux filiales d'Attijariwafa bank un financement conforme à la Chariaa. En outre, les filiales de l'ITFC et celles d'AWB s'engagent à cofinancer des sociétés qui souhaitent importer des marchandises des pays arabes. À cette occasion, Hani Salem Sonbol a commenté l'évènement par ces mots : «Cette signature fait partie du Programme de l'Arab Africa Trade Bridges (AATB), à travers lequel nous entendons coopérer ensemble et fournir des produits financiers qui répondent aux besoins de nos pays membres, et dans une première phase, concentrer les initiatives dans trois pays subsahariens : le Cameroun, la Côte d'Ivoire et le Sénégal. Nous travaillons à la mise en œuvre de nouvelles solutions de financement du commerce, avec pour objectif d'étendre progressivement la mise en œuvre des solutions développées à d'autres marchés africains.» C'est ainsi que le FIAD 2017 a été également l'occasion de sceller des partenariats pour favoriser l'accélération de l'inclusion financière en Afrique. «L'Afrique ne peut guère se développer sans un espace économique commun et une réelle vision de la coopération Sud-Sud qui favoriserait le renforcement des liens entre les pays africains», a déclaré Salaheddine Mezouar, ministre des affaires étrangères et de la Coopération. Il a dans ce sens souligné que l'inclusion financière en Afrique enregistre de réels progrès, vu que plusieurs pays et blocs régionaux africains se sont dotés d'institutions financières solides. «La collecte de l'épargne, l'accompagnement de l'investissement privé, le soutien des Petites et moyennes entreprises (PME) et la mise en place des politiques publiques efficientes illustrent une réelle mutation qui s'opère en Afrique», s'est enorgueilli le ministre. Ce sont donc quelque 2000 opérateurs économiques et institutionnels, africains et internationaux, issus de plus de 30 pays qui ont pris part à cette cinquième édition.