La prestation du SG du PPS dans l'émission de débat politique Hiwar, animée avec une constante maîtrise et professionnalisme par notre confrère Mustapha Alaoui sur Al Oula, interpelle à plus d'un titre. Sur le plan de la forme, Nabil Benabdellah a développé une sémantique en rupture totale avec le modèle conventionnel lors d'un exercice de ce genre qui consiste à user à outrance de la langue de bois. Le patron du PPS était déterminé à arborer une telle attitude pour passer un message fort en soi : la politique n'est point une avarie en elle-même. C'est au contraire un art et une pratique sociologique qui ne peut se pratiquer dans la durée sans un substrat éthique. La politique et l'éthique sont donc les deux faces d'une même monnaie. Elles sont tellement liées que la pratique de la politique au sens étriqué du terme devient déviance. Nabil Benabdellah a assuré lors de cet exercice, souvent périlleux, et assumé pleinement ses positions qui sont, pour le moins que l'on puisse écrire, courageuses et sans aucune équivoque. Le premier responsable du PPS a pratiqué durant cette soirée le langage du parler vrai, même si cela peut choquer, à l'adresse du commun des citoyens par l'entremise de ce média de masse. Sur le plan du contenu, les développements et les analyses consacrés aux revendications, de nature purement sociales, des citoyens dans la ville de Laâyoune, sont d'une justesse et d'un réalisme dont on a pas l'habitude. En pareille circonstance, un homme politique est plus enclin à se réfugier dans les généralités et « valeurs sûres » que procure l'évocation de la main de l'étranger. Benabdellah affirme que de telles situations sont du pain béni pour les ennemis de l'intégrité territoriale, mais il ne s'est pas arrêté en si bon chemin puisqu'il a pointé du doigt les raisons internes qui ont engendré ce phénomène. C'est d'abord une affaire maroco-marocaine qui ne peut se lire en dehors du paradigme de la bonne gouvernance. Concernant la vie interne du PPS, Le SG du parti, ne s'est à aucun moment laissé perturbé par les avatars d'une perception difforme de l'image du parti et de ses multiples manifestations. Sans nier l'existence de dysfonctionnements dans la gestion des effectifs des parlementaires (notamment à cause du phénomène pathologique de la transhumance), Benabdellah n'a pas laissé l'occasion passer pour affirmer des constantes : il faut cesser ces attaques frontales et insidieuses à l'adresse de l'institution du parti politique. D'où son appel à sa réhabilitation et, par la même, la revalorisation de l'action politique dans la perception du citoyen. Un parti politique comme le PPS, qui compte 67 ans dans son compteur, a fait montre de sa capacité d'adaptation et de réactivité à l'égard des transformations sociopolitiques du pays. Autre moment fort est celui consacré aux explications relatives au cas de la chaîne de TV qatarie Al Jazeera. Les informations de première main, livrées par ce témoin privilégié, permettent aujourd'hui de comprendre ce feuilleton mélodramatique qui nous lie à ce média. Mais il faut rappeler que Benabdellah a surtout revendiqué que la gestion de ce dossier ne peut en aucun cas souffrir d'une quelconque interférence de quelque nature que ce soit. Un ministre politique devrait assumer souverainement l'intégralité de la gouvernance de ce type d'affaire.