Faut-il que le Maroc s'inquiète de ce qui se passe juste sous son nez ? Faut-il craindre que la dérive que vit la zone euro ne nous affecte au plus haut degré ? Faut-il envisager un effondrement du Vieux Continent, où plutôt de ses économies que les Etats prennent soin de mettre sous perfusion à grand renfort de programmes d'austérité ? En tout cas, le Maroc découvre, et ce n'est pas rien, que son partenaire commercial stratégique, va mal. Très mal. Et que les centaines de milliards d'euros débloqués pour «booster» les moteurs de la croissance européenne peinent à assurer une remontée de la pente… La croissance européenne serait, prétendent les experts, proche de zéro. Et ce ne sont pas les rallonges exigées aujourd'hui par Athènes qui pourraient changer le désordre structurel des choses. 20 milliards d'euros de plus ? C'est plus que l'équivalent de la dette extérieure du Royaume. Et on ne parle pas de Madrid qui a décidé une cure d'austérité ravageuse pour les classes laborieuses, comme pour le gouvernement socialiste en place. Ni du serrage de ceinture que l'Exécutif italien a déjà programmé pour économiser quelque 20 milliards d'euros. Et encore moins des mesures draconiennes que Londres s'apprête à initier pour combler les déficits… Le tableau européen est des plus noirs. Et notre horizon commercial ne saurait que prendre ombrage d'une telle déconfiture. Pas moins de 68% de nos échanges se font avec le Vieux Continent. Proximité oblige ! Le séisme est bien là. Il a secoué toutes les places financières. Et ce n'est pas pour rien que Pékin, la puissance qui monte, manifeste des signes d'inquiétude, l'onde de choc de la crise déclarée depuis 2008 n'ayant toujours pas perdu de sa force. Comme il est aussi très significatif de mesurer le lamento israélien devant la crise européenne. C'est la globalisation et ses effets qu'il est impératif de prendre en considération. Une globalisation qui assure que la crise pourrait être aussi globale… N'épargnant aucune contrée sur son passage. De quoi sera faite 2010 pour l'économie nationale ? Jusqu'à preuve du contraire, le gouvernement n'a pas jugé bon d'appuyer sur les manettes qui contrôlent les clignotants. Tout semble au vert. Bien sûr qu'un comité de veille stratégique est déjà mis en place. Mais on n'entend plus parler de lui…Au moment où l'économie mondiale est au bord de l'implosion. Il y a quelque chose de surréaliste dans ce tableau… L'Exécutif ne panique pas. Et il a raison de le faire. Encore faut-il émettre des signaux qui faciliteraient la grille de lecture pour le commun des mortels. Le tout dans la sérénité la plus absolue. Signaux qui rappellent que le pays risque de pâtir des turbulences qui sévissent en Europe, voire ailleurs. Et qu'une batterie de mesures est programmée pour empêcher l'économie nationale de pâtir d'une syncope qui n'avertit pas. Bien sûr que le Royaume n'est pas «linké» au système financier international et c'est ce qui lui vaut d'être épargné jusqu'à présent. Mais lorsque la crise est déclarée à nos portes, à quelques encablures de Tanger, il y a de quoi manifester de l'inquiétude. Et prendre les mesures de sauvegarde nécessaires. En d'autres termes, nos gouvernants doivent faire preuve d'une capacité, physique et mentale, propre aux maillots jaunes dans les compétitions cyclistes. Pédaler pour ne pas tomber…Tout en osant relever la tête du guidon. Voilà de quoi mieux négocier le Tour qui présente tous les attributs de la difficulté. Du nerf, alors !