Encore un «jeudi noir» ! La place de New York a plongé vertigineusement vers des abysses jamais atteints dans l'histoire du capitalisme US. L'indice Dow Jones a dévissé de 9 points pour essuyer des pertes de l'ordre de 3 points. Enorme ! Surtout lorsqu'on sait que des cotations ont subi des pertes que rien ne légitime. Si ce n'est le vent de panique qui s'est saisi des courtiers de la place américaine. Allez expliquer comment les actions de Procter & Gamble ont essuyé une dépréciation gigantesque de l'ordre de 24%. Et il ne faut pas croire que l'onde de choc devra s'arrêter à ce seul niveau. Même si bien des opérations ont été annulées en cette journée mémorable de bérézina capitalistique. Car il suffit qu'une place financière de la puissance de celle de New York éternue pour que ses sœurs suffoquent ! A l'origine de cette plongée dans un trou noir, on évoque une manipulation inappropriée d'un trader qui se serait trompé de chiffre. Des milliards à la place de millions, il faut vraiment être fortiche pour les confondre. Du coup, les systèmes des ordinateurs se seraient affolés en lançant des ordres de vente à tout va. Et c'est ainsi que la bourrasque se serait emparée de Wall Street. D'autres analystes sont tentés par une autre explication. Le vent de panique qui secoue le Vieux Continent, à cause de la faillite grecque et de la complexité des opérations de sauvetage serait à l'origine de la bourrasque new-yorkaise. Surtout que les agences de notations se sont empressées, elles, de revoir à la baisse le rating d'économies jugées fragiles, comme celles de l'Espagne et du Portugal. Le tout donnant à croire que les économies européennes, dans leur linkage, ne sauraient sortir indemnes de l'impact grec. France et Allemagne devaient morfler. Bref, un séisme financier «crisique» qui n'épargnerait rien sur son passage. On comprend dès lors les raisons qui ont poussé Zapatero à sortir de ses gonds pour dénoncer le diktat des agences de notations et vouer aux gémonies les spéculateurs qui se font plein de beurre sur le dos de pays qui tentent de gérer au mieux une crise socio-économique des plus graves. Comme on peut aussi s'expliquer la fermeté du ton des responsables français et allemands à l'endroit des acteurs d'un système financier pourri. Bien entendu, à New York, l'épicentre du récent tremblement de terre financier, les autorités ont vite réagi en pompiers. En ordonnant une enquête pour délimiter les responsabilités autour d'un chaos qui aurait pu coûter autrement plus cher. Mais cela ne doit point occulter la réalité qui se fait jour : le système capitaliste tel qu'il se présente de nos jours est terriblement malade. Il suffirait d'une étincelle pour que le feu se déclare. Faut-il simplement moraliser les circuits de l'économie pour sauver la planète des risques de faillite ? Ou faudra-t-il avancer plus loin dans la logique du dépassement en imaginant l'avènement d'un autre monde économique plus équitable et moins basé sur les bulles spéculatives ? Qui a dit que l'économie relevait des sciences exactes ? En attendant, les rues d'Athènes ne désemplissent pas des marcheurs en colère. Eux qui mesurent l'ampleur de la crise qui les affecte douloureusement. Et les isoloirs britanniques ont fait le plein, en ce «jeudi noir», en vue de la désignation de la majorité qui doit gouverner. Un score qui en dit long sur l'implication des citoyens dans la chose politique. Lorsque le terrain devient glissant et lorsque le feu couve… L'affaire n‘est pas si mince ! Aux politiques d'en tirer les conclusions qui s'imposent.