Fikri Benabdallah, président de l'association RabatSalé Mémoire Et de deux pour les journées du patrimoine de RabatSalé organisées par l'association «Rabat–Salé Mémoire». En effet, pendant quatre jours, du 14 au 17avril, la mémoire des deux cités sera mise en hommage à travers une programmation artistique et culturelle riche et diversifiée. Al Bayane : «le fil de la mémoire» est le thème choisi pour la 2ème édition des journées du patrimoine. D'abord pourquoi avoir choisi ce thème ? Et quel est le fil conducteur entre les deux éditions ? Fikri Benabdallah : Le choix de la thématique du «fil» par l'association repose sur le fait que le «fil» évoque la mise en relation, la mise en synergie des composantes du corps humain, des composantes d'une cité, d'une ville, d'un ensemble d'un pays...on retrouve cet élément de liaison et de mise en relation dans tous les actes de la vie qu'ils soient industriels, technologiques ou autres... A ce moment-là, nous avons considéré qu'il fallait passer par ce lien parce qu'il y a des liaisons rompues entre les deux villes, historiquement.Il y a un certain déséquilibre dans l'infrastructure et le développement urbain alors que ce sont deux cités qui se sont développées d'une manière remarquable.Et aujourd'hui plus rien ne peut être compris de façon commune, intégrée. Toutes les questions d'infrastructures, de développement humain, d'aménagement, de préservation du patrimoine globale des deux cités ne se font pas dans une vision de relation transversale.La relation d'unicité des deux villes constitue l'un des objectifs stratégique de l'association Rabat–Salé mémoire. A partir delà, naturellement, il y a des formes d'expressions plus simples, de meilleures proximités qui sont l'utilisation des fils dans l'artisanat, dans les métiers de la mémoire et dans l'activité domestique. Est c'est en cela que nous rendons un hommage particulier aux nattiers Ismaili, disparus il y a quelques temps à travers la continuité de son fils, et auxquels nous allons dédier un espace particularisé au sein de la bibliothèque nationale. Dans votre intervention vous avez mis la lumière sur le retard en matière de la préservation du patrimoine. Dans cette optique, quelle est la tâche de votre association quant à son rayonnement et sa préservation ? Nous avons un patrimoine très intéressant d'une très grande force au niveau des deux cités. Aujourd'hui il y a un paradoxe dans la mesure où la ville de Rabat dépose une reconnaissance du titre du patrimoine mondiale de l'Unesco alors que Salé est encore soumise à des inscriptions à caractère ponctuel, et non pas d'ensemble. Donc nous travaillons, nous avons travaillé et nous allons continuer à travailler pour que ce fossé qui existe concernant la question de la reconnaissance et des inscriptions soit réduit. Nous sommes heureux aujourd'hui d'annoncer que grâce aux efforts des associations multiples dont Bouregreg et Sala Moustaqbel et RabatSalé Mémoire, cet «abîme» est réduit parce qu'aujourd'hui la Commission du ministère de la Culture qui regroupe un ensemble d'intervenants a décidé l'inscription de la médina de Salé au titre du patrimoine national. C'est une nouvelle responsabilité de la ville pour ses élus, sa population, sa jeunesse, ses intellectuels ; pour que cette reconnaissance soit suivie d'actions concrètes, de mise en œuvremultiformes d'actions pour développer le patrimoine pour en faire un moteur de développement de la cité de Salé. Vous avez parlé également lors de la conférence de presse de quelques difficultés organisationnelleslors cette deuxième édition. Pourriez-vous en dire plus? A votre avis, avec un tel programme diversifié et riche, l'organisation de cet événement avec une telle grandeur était pour vous un pari ? Nous sommes une jeune associationoùil y a probablement des militants...Deux années, c'est peu dans un corps associatif. Or tout le monde sera témoin de nos espoirs et de nos attentes. Et malgré ces difficultés et manque de moyens, encore plus cette année, parce que les sponsors sont plus difficilement sollicitables, ainsi que quelques difficultés logistiques, on a cœur rempli de conviction et de désir de servir pour mieux faire. Je pense qu'on aura probablement une très belle édition des journées du patrimoine.