Détourner un avion pour... – tenez-vous bien – «voir son ex » ! Cela paraît, faut-il le dire, tout simplement barjot pour la plupart d'entre nous, d'autant plus que – comme disait l'autre : retourner avec son ex, c'est comme retourner en prison. Si cela vous arrive, ça veut dire tout simplement que votre première incarcération ne vous a pas servi de leçon. Pourtant, d'autres pas aussi catégoriques, y voient une véritable preuve d'amour. C'est du moins ce que pensent ceux qui, sans approuver l'acte de ce « terroriste sentimental », y voient tout de même un acte de bravoure, car – faut-il le dire – il faut être ou un fêlé,du cœur ou de l'esprit, ou un véritable Roméo, intrépide et téméraire, pour oser ne serait-ce qu'imaginer détourner un avion de ligne au motif banal de tout simplement revoir sa dulcinée. Et téméraire était le passager du vol MS-18,1 effectuant la liaison Alexandrie-Le Caire, ce mardi 29 mars, qui a réussi son acte, sous la menace de faire détonner une ceinture d'explosifs, si jamais l'avion ne le déposait pas à Chypre pour voir son ex-femme. Rien que ça !En effet, comment ne pas s'exécuter face à une menace pareille ; surtout en ces temps terribles, où l'on est, chaquejour, abreuvés matin, midi, soir, d'attentats, en Syrie, en Turquie, en Irak, en Côte-d'Ivoire... Bref, le fléau du siècle préoccupe constamment les esprits et installe, peu à peu, une atmosphère de psychose. Et si le président chypriote, lui, y voit un acte « qui n'a rien à voir avec le terrorisme », il faut tout de même oser lui rétorquer que c'en est bien un ; en dépit de l'absence d'un lien avec Daech, avec al-Qaida, ou encore quelques barbus salafistes aux idées rétrogrades. A 8h 30, la tour de contrôle de Lamaka est contactée et l'atterrissage est autorisé à l'Airbus A320. Pourtant, remarque le ministre égyptien de l'aviation, le présumé terroriste n'avait «ni pistolet, ni aucune arm». Et d'ajouter : «Nous ne savons pas encore si sa ceinture d'explosifs est réelle, mais avons considérée qu'elle l'était pour la sécurité des passagers ». Sage déclaration mais qui amène à une prise de conscience et une interro gation amères : les terroriste auraient-ils réussi la première manche de la bataille : installer la psychose partout au point de quasiment paralyser nos moyens de transports actuels ? Au moment où nous mettions sous presse, la plupart des passagers avaient été libérés.