Du Danemark aux Etats-Unis en passant par l'Espagne, l'Italie et la France, le Maroc aurait aidé plusieurs pays à mettre en échec des plans terroristes, révèle Abdelhak Khiame, directeur du Bureau central d'investigation judiciaire (BCIJ). Une coopération qu'il faudrait élargir au niveau maghrébin et interarabe, en vu d'une lutte antiterroriste toujours plus efficace. Selon Abdelhak Khiame, le Royaume aurait, grâce aux bons offices de ses services sécuritaires, permis de déjouer plusieurs projets d'attentats, notamment en Europe et ailleurs à travers le monde. Il a par ailleurs mis en exergue l'importance de la coopération inter-états, soulignant par la même occasion la qualité de l'expertise marocaine, qui aurait, entre autres, permis l'arrestation du cerveau présumé des attentats terroristes du 13 novembre dernier à Paris, ainsi que le démantèlement de cellules terroristes dans les villes de Nador et de Sebta. Une coopération, souligne le directeur du BCIJ, encore «médiocre» voire «inexistante» au niveau régional, notamment au Maghreb, du fait du «refus de l'Algérie», qui – en dépit des risques transfrontaliers – refuse de coopérer avec le Royaume, déplore-t-il. Des efforts, rappelle-t-il, devraient donc être fournis non seulement au niveau magrébin mais aussi au niveau interarabe. Sans oublier que l'état de précarité, martèle le directeur du BCIJ, créé par l'Algérie à Tindouf, «avec les milliers de séquestrés abandonnés à leur sort, en proie à la pauvreté, à la misère et au dénuement le plus honteux, joue un rôle fondamental dans l'alimentation des filières djihadistes dans la région». Abdelhak Khiame souligne par ailleurs la détermination du Royaume à mettre en échec par tous les moyens les visées terroristes des groupes djihadistes, notamment par une collecte quotidienne d'informations, menée par l'implication effective de la gendarmerie royale, de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) et de la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST). Une coopération quotidienne rendue possible par les divers amendements dont a fait l'objet la loi antiterroriste, notamment ceux relatifs aux écoutes téléphoniques, en vue d'une adaptation des services sécuritaires aux attaques mutantes des réseaux terroristes. Le directeur du BCIJ appellera par ailleurs à une vigilance accrue, soulignant la nécessité d'un état d'alerte constante, tout le «temps et avec tout le monde» car, souligne Abdelhak khiame, le profil du terroriste serait aussi fluctuant que les moyens utilisés pour perpétrer des attaques ou endoctriner de nouveaux adeptes ; d'où la difficulté de les suivre. Et si jusqu'au démantèlement du réseau qui s'apprêtait à sévir vendredi dernier les services sécuritaires marocains n'avaient jamais eu affaire à des mineurs, il est évident que désormais aucun profil ne serait écarté ; surtout avec l'activité de recrutement de plus en plus croissante des réseaux djihadistes sur Internet.