Les chaires scientifiques, qui meublent à présent une bonne partie des mosquées marocaines et dont la mise en place remonte d'ores et déjà à six ans, à l'initiative du ministère des Habous et des Affaires islamiques, ont dépassé le stade de balbutiements et réussissent à se forger une place de choix dans cet espace sacré et dans le créneau de l'érudition sur lequel tablaient les autorités religieuses du pays en matière d'enseignement des sciences inhérentes à la loi islamique (Charia). Ces prestigieuses chaires, qui ont vu le jour en avril 2010, dispensent des cours dans les sciences d'Al A'qida (foi), du Fiqh (jurisprudence), de Tafssir (exégèse du Coran), du soufisme sunnite, de grammaire, de Qira'at (lectures du Coran), de Tajwid (psalmodie) et de Sunna (biographie du Prophète). Lors de son lancement, le projet des chaires scientifiques se limitait seulement à certaines mosquées de la capitale, avant qu'il ne soit étendu pour englober d'autres mosquées et davantage d'oulémas. L'idée en elle-même ne date guère de nos jours, puisqu'il s'agit d'une tradition ancestrale préservée jalousement au fil du temps par les Sultans de la dynastie alaouite, a déclaré Abdelkamel Boulaâmane, membre du Conseil local des oulémas de Rabat et chercheur spécialiste en soufisme et croyance religieuse. Et de relever que sous le règne de SM le Roi Mohammed VI, Amir Al Mouminine, ces chaires ont été propulsées en pole-position et ont connu un essor remarquable et une dynamique nouvelle, suite aux Hautes orientations royales de confier leur supervision au ministère des Habous et des Affaires islamiques, au Conseil supérieur des oulémas, aux Conseils locaux des oulémas et aux délégations régionales. Les chaires scientifiques des mosquées, a-t-il fait savoir, ambitionnent de consacrer les constantes religieuses du Maroc à travers la construction intellectuelle, culturelle et scientifique de la société, lesquelles constantes sont représentées par le dogme Ashaarite, la doctrine Malékite, l'école soufie de l'imam Al Jounaid et l'institution d'Imarat Al Mouminine. Parmi les raisons ayant motivé le lancement de ces chaires, figurent celles à caractère historique et civilisationnel, notamment la nécessité de ressusciter le rôle des mosquées en matière d'enseignement des sciences de la Charia et d'entretenir les valeurs spirituelles sacrées qui préservent l'identité civilisationnelle de la nation, à travers l'élargissement de la sphère de l'enseignement du savoir. De même, la mise en place de ces chaires a été motivée par les commandements de la Charia, étant donné que la Oumma est tenue de fournir les moyens de la connaissance religieuse à chacun de ses membres et à redynamiser le rôle de la mosquée dans l'encadrement de la vie spirituelle et ce, en conformité avec l'esprit de la religion, empreint des valeurs de pureté, de modération et de juste milieu. Présentant ce projet sur son site électronique, la Fondation Mohammed VI pour la promotion des œuvres sociales des préposés religieux explique que les chaires scientifiques, supervisées par un parterre d'oulémas adhérant à cette institution, sont destinées principalement à l'ensemble des préposés religieux exerçant dans les mosquées, en particulier les imams, les prédicateurs, les étudiants et toute autre personne intéressée par les sciences religieuses, tout en faisant valoir qu'une telle action contribuera grandement à la réalisation du développement humain dans son acception globale, tel que voulu par SM le Roi Mohammed VI. Et de rappeler que, dans le message royal adressé aux participants à la première rencontre nationale des Alimates, prédicatrices et Mourchidates, le 17 juillet 2009 à Skhirat, SM le Roi Mohammed VI, Amir Al Mouminine, a notamment relevé que «tout modèle de développement qui ignore la dualité âme/corps chez l'être humain, demeure partiel et sans effet, tant et si bien qu'il devient impossible, en pareilles conditions, d'atteindre l'équilibre escompté et de mener à bonne fin la réforme souhaitée». En authentiques tribunes dédiées à l'enseignement des sciences islamiques, les chaires scientifiques permettront de rapprocher les oulémas des citoyens afin de les éclairer sur les questions relatives à la religion musulmane et, ce faisant, revitaliser le rôle des mosquées pour en faire, plus qu'un simple espace d'accueil des fidèles le temps des prières, de véritables centres de rayonnement culturel et spirituel.