La récente séance de travail du souverain, en compagnie du chef de gouvernement et du ministre de l'agriculture dévoile une sérieuse appréhension des effets de la sécheresse déclarée, qui pointent à grands pas. Sitôt, des panacées sont à entreprendre, pour une enveloppe budgétaire de cinq milliards de dirhams, afin de préserver la production agricole et endiguer le fléau imminent. On s'attellera, à coup sûr, à prendre en charge, essentiellement, les petits paysans surendettés par le crédit agricole et appesantis par les charges quotidiennes. La chronicité de la sécheresse, vieille de quatre décennies, est souvent accablée par des années de grandes pénuries de précipitations, en dépit de la mobilisation des eaux pluviales, par le biais d'une politique efficiente des barrages, au lendemain de l'indépendance. En fait, seulement un million et demi, sur plus de neuf millions d'hectares de terres agraires, sont irrigués, ce qui représente 15% de l'ensemble, y compris celles arrosées par les barrages. Cette donne fait ressortir donc, l'impérativité des pluies dans les zones frappées de l'aridité, à plus de 85% des surfaces cultivables du royaume. Ce constat incite à affirmer que, durant des lustres, la quasi-totalité des terres agricoles du pays est constamment à la merci des précipitations qui ne sont pas toujours clémentes. Il ressort, en fait, que l'adversité de la sécheresse n'est pas conjoncturelle, comme on a toujours tendance à ressasser, mais bel et bien, un déficit franchement structurel. Ceci étant, il importe d'avancer que ni la politique du département de tutelle ni le Plan Maroc Vert (PMV) n'ont pu mettre en avant, jusqu'ici, des mécanismes édifiants et pérennes, dans le programme préventif, à même d'assurer continuellement des ressources hydriques à l'irrigation des terres, l'abreuvage et le fourrage du cheptel, en direction des petits agriculteurs, en cas de carences. On ne le dira jamais assez que, le PMV, dans sa globalité, a si peu prêté attention à ces couches déshéritées, comparativement à ses « largesses » criardes, en faveur des grands agriculteurs ! Cette exclusion criante des paysans défavorisés dans les stratégies de base, au profit des bonnets du secteur, se manifeste, entre autres, dans la précarité et l'austérité des conditions dans lesquelles se meut la majeure partie des paysans marocains. On citera, à titre indicatif, le cas des ouvriers agricoles qui regroupent une multitude de familles miséreuses et qui sévissent le calvaire de la part du patronat agricole de l'export aussi bien national qu'étranger, dans les unités de production, les stations d'emballage et de conditionnement, notamment dans la région du Souss Massa. Face à ces dysfonctionnements de taille d'ordre structurel, on se précipite, dès que la sécheresse s'installe à grandes enjambées, à débloquer des fonds, à la sauvette, pour remédier, momentanément aux effets de la sécheresse et puis, on plie bagage, comme si rien n'était, à l'accoutumée, jusqu'à ce que la calamité climatique suivante survienne !Pis encore, on n'est pas tout à fait sûr si cet argent réservé spécialement aux victimes réelles de la sécheresse, aille aux concernés ou bien, il sera accaparé, comme d'habitude, par les barons de l'agriculture qui profitent, à chaque fois, de l'aubaine pour accroitre leurs lots ! L'Etat se devrait de faire face à toutes ces irrégularités en vue de sauvegarder une saison agricole catastrophique pour les souches démunies.