L'institut français d'El-Jadida (IFEJ) lance sa couleur pour 2016. Une programmation riche en activités culturelles et artistiques répondant à tous les goûts meuble le calendrier de l'institut. «Une année d'expérimentations pour tenter de faire évoluer ce bel outil qu'est l'Institut français, afin de toujours mieux répondre aux attentes du public jdidi. C'est ainsi que l'IFEJ délocalisera en 2016 certains événements culturels - notamment des projections de cinéma - dans l'église de l'Assomption fraîchement restaurée par la direction régionale de la Culture», souligne Damien Heurtebise, directeur de l'Institut français d'El Jadida. Entre expositions, conférences, spectacles, concerts...la littérature marocaine ne sera en reste des activités. Le public jadidi aura l'opportunité de découvrir des plumes ayant récemment publié des romans et recueils dans les différentes maisons d'éditions ici et ailleurs. En effet, le premier rendez-vous de l'année sera poétique, et ce, le 22 janvier à 19h à l'IFEJ avec le peintre, poète et romancier Youssef Wahboun autour de son livre "Les hommes meurent mais ne tombent pas" paru il y a quelques semaines. Ce beau livre est une suite poétique accompagnée de 36 peintures, sculptures et lithographies de l'artiste peintre Mahi Binebine. Cette poésie profonde mêlée avec la peinture est une invitation au questionnement des déchirements et du drame de l'Homme des temps modernes extériorisés par la voix du poète et sa vision vis-vis du monde. "Expérience authentique et novatrice", cette suite poétique offerte en don majeur par Youssef Wahboun, qui contemple la création de Mahi Binebine, est une écriture qui ne renonce pas à la voix, au hoquet d'une poitrine chargée d'humanité, et dit, avec splendeur et retenue, l'ontologie de la présence», a déclaré à son propos le poète et romancier Rachid Khaless. Par ailleurs, "Les territoires de Dieu" du journaliste et écrivain Abdelhak Najib suit son périple et ses rencontres avec les férus de la littérature. Un échange autour de ce roman aura lieu le Jeudi 4 février à 19h à l'IFEJ avec Said Loukili. En outre, une conférence phare avec le philosophe Ali Benmakhlouf sera parmi les événements culturels attendus cette année à El Jadida. La conférence ayant comme thème «Pourquoi lire les philosophes arabes», braquera ses lumières sur les philosophes arabes. Le but étant de revisiter la philosophie arabe classique à travers les yeux de la philosophie contemporaine. Le dernier livre de Benmakhlouf ouvre les voix/voies à la quête de la vérité tout en s'inspirant de la pensée et la philosophie médiévales dans tous les domaines. L'historien, Daniel Rivet, présentera jeudi 11 février à 19h à l'IFEJ son livre "Un acteur incompris de la décolonisation, le général édouard Méric". A l'occasion de la journée de la femme, les poétesses Khatiba Moundib, Malika Sodaigui déclameront des poèmes mardi 8 mars à 19h à l'IFEJ. De même, une rencontre sera organisée sous le thème "Une identité à fleur de peau" le vendredi 25 mars à 19h à l'IFEJ avec Mohammed Ennaji, ainsi qu'une autre rencontre poétique avec le poète Abdelghani Fennane Jeudi 31 mars à 19h à l'IFEJ sur son nouveau recueil "Poèmes en seul majeur". L'écrivain et essayiste marocain Mohamed Noureddine Afaya était l'invité de l'association Sala Almoustaqbal le vendredi 15 janvier à 17h à la Fondation Abou Bakr El Kadiri pour la Culture à Salé. La rencontre intellectuelle avec l'écrivain était l'occasion pour braquer les lumières sur son dernier ouvrage intitulé "De la critique philosophique contemporaine : ses sources occidentales et ses manifestations arabes" ayant décroché le prix 2015 du "plus important livre arabe", décerné par la Fondation de la Pensée arabe. En effet, les idées présentées dans le livre ne sont pas en dehors du contexte actuel. Il s'engage entre autres dans la pensée moderne tout en questionnant les problématiques d'actualité. C'est un cheminement de pensée qui met le vécu au centre de la réflexion. Mohamed Noureddine Afaya, souligne le chercheur Nabil Fazou, est l'un des penseurs marocains qui ont traité la question de la femme, du corps, de la différence et du pouvoir. Parmi les sources et les références de sa pensée, on trouve la critique. Il est également l'un des philosophes qui ont puisé les fondements de leur réflexion de la philosophie critique dans les temps modernes. Par ailleurs, il ne présente pas seulement la critique mais la transplantation de l'idée de la critique dans un autre contexte qui est la philosophie arabe contemporaine, a-t-il conclu. La critique est un atout prépondérant pour déconstruire «les représentations» idéologiques pour mieux comprendre la réalité. Or, selon Afaya, cette «immensité idéologique» est une véritable entrave historique à la pensée arabe. «Nous avons besoin de la pratique de la critique... On remarque une non signification et absence de sens dans le temps actuel de l'esprit arabe », souligne Afaya. En d'autres termes, la critique ne signifie pas la destruction, mais comprendre l'esprit arabe moderne, voire la création du sens. En revanche, la philosophie altéritaire et de la différence n'est pas en reste des références fondamentales du «projet philosophique» d'Afaya. «Ce besoin de la philosophie de la différence, la recherche de la vérité dans les détails, «les marges du sens » demeure une urgence. D'où la nécessité d'un projet moderne qui bat en brèche cette pensée régressive que tout ce qui moderne», précise Fazou. Pour ce faire, il va falloir une pensée de la différence comme démarche et stratégie, ainsi que cette conscience philosophique moderne qui traite minutieusement de la réalité de la mondialisation. «Le livre n'est pas une thèse classique, c'est une «contexture» de questions théoriques et réflexions.», indique Mohamed Noureddine Afaya lors de la rencontre. «Nous sommes dans un contexte où il semble difficile de penser, notamment avec ces guerres qui se déroulent un peu partout dans le monde», a-t-il conclu.