Et rebelote. L'Algérie est une nouvelle fois à la veille d'une énième révision constitutionnelle. Pour préparer un 5e à Bouteflika? Il s'agit plutôt de déblayer le terrain devant son successeur. A part, le très officiel El Moudjahid, la presse algérienne est quasi unanime à afficher leur déception. Florilège. La «montagne a accouché d'une souris», «Rien n'a changé», «Douche froide», Bouteflika ne concède rien»... la presse algérienne des mercredi et jeudi derniers ne tarit pas de critiques à l'égard du nouveau projet de révision constitutionnelle en Algérie. Les journaux comme Liberté, El Watan... ou des sites électroniques, tels le Huffington Post Algérie... qualifient e projet de révision constitutionnelle de «non-événement absolu». Les partis politiques de l'opposition ne sont pas en reste et voient dans ce projet de révision «une énième manœuvre politique». La prochaine révision de la Constitution algérienne, annoncé mardi soir par le directeur de cabinet du président Abdelaziz Bouteflika, Ahmed Ouyahia, prévoit un retour à deux mandats présidentiels. Ouyahia a reconnu ainsi, implicitement, que Bouteflika a commis une erreur monumentale en supprimant cette limitation qui existait avant 2008, pour s'offrir, sans coup férir un 3e puis un 4e mandats. Si cette erreur sera (en apparence) réparée, parce que Bouteflika est «partant», une deuxième erreur ne le sera pas. Celle d'avoir zappé le peuple algérien pour qu'il exprime directement son point de vue sur la prochaine constitution révisée. A sa place, c'est le Parlement, algérien, qui ne représente que lui-même, qui aura à se prononcer sur la nouvelle loi fondamentale. Le résultat est donc connu d'avance. Comme le sera l'issue de la future présidentielle. Car la commission électorale qui supervisera les prochaines élections reste intégralement nommée par le président de la République, ou celui qui remue les ficelle à la Mouradia. L'opposition n'aura d'autre choix que de boycotter à niveau la prochaine mascarade électorale. Seule avancée notable de cette révision constitutionnelle, selon la presse locale, l'officialisation de la langue tamazight, s'inspirant en cela de la constitution marocaine de 2011. Avec ce projet de révision le pouvoir algérien, là où il se trouve, tente d'aller au-devant de la crise économique et sociale qui commence à se ressentir en Algérie, dans le sillage de la chute vertigineuse des prix du pétrole, dont le baril s'échangeait, hier jeudi, à 30,4 dollars, soit son niveau le plus bas depuis 12 ans. Le matelas financier des170 milliards de dollars de réserves de change dont s'enorgueillissait, au début de 2015, le pouvoir algérien est aujourd'hui en train de s'évaporer comme de l'eau versé sur du sable.