Incontestablement, l'année 2015 aura marqué un tournant majeur dans le processus de mise en œuvre du chantier de la régionalisation avancée avec l'adoption des projets de lois organiques relatives aux collectivités territoriales, la mise en place du nouveau découpage territorial et des instances élues au niveau des 12 régions du Royaume, et le lancement du modèle de développement des Provinces du Sud. Ces réalisations viennent conforter le Maroc dans son choix stratégique d'instaurer un nouveau mode de gouvernance territoriale où la région, dotée de ressources propres, est la locomotive du développement intégré et durable sur les plans économique, social, culturel et environnemental. Le ton est donné dès le début de l'année avec l'adoption par le conseil du gouvernement de trois textes de loi, dans le cadre de la mise en œuvre des dispositions de la Constitution relatives à la régionalisation avancée, à savoir le projet de loi organique 111-14 relative aux régions, le projet de loi organique 112-14 concernant les préfectures et les provinces et le projet de loi organique 113-14 sur les communes. Les trois textes comportent plusieurs nouveautés, dont l'adoption du vote public dans l'élection des conseils régionaux, des provinces, des préfectures et des régions et dans la prise des décisions au sein de ces conseils, la consécration du principe de la gestion autonome qui confère à ces collectivités territoriales, dans la limite de leurs prérogatives, le pouvoir de délibération de manière démocratique et le pouvoir d'exécuter les conclusions de leurs délibérations et décisions, ainsi que la promotion de la présence et de la contribution de la femme. Ils confèrent aussi aux régions, provinces, préfectures et communes des attributions autonomes et d'autres qu'elles partagent avec l'Etat ou qui leur sont transférées par l'Etat et déterminent clairement les sources financières des collectivités territoriales. Sur sa lancée, le conseil du gouvernement a adopté quelques jours plus tard, le projet de décret n 2-15-40 fixant à 12 le nombre des régions, leur dénomination, leur chef-lieu, ainsi que les préfectures et les provinces qui les composent. Ce projet s'inscrit dans le cadre de la mise en œuvre des Hautes orientations Royales en faveur de la mise en place de régions intégrées et viables, à travers des critères réalistes et rationnels et ce, en vue de l'élaboration d'un nouveau système régional. Ces orientations, énoncées dans le discours royal du 3 janvier 2010, ont pris corps à la lumière des recommandations pertinentes de la Commission Consultative sur la Régionalisation (CCR) et ce, conformément à l'approche de SM le Roi Mohammed VI préconisant le respect de l'esprit de la Constitution en matière de régionalisation. Selon cette nouvelle conception territoriale, les régions constituent des entités fonctionnelles et institutionnelles essentiellement vouées à l'œuvre du développement intégré, dans le cadre d'une approche participative plaçant l'élément humain au cœur des priorités. De ce fait, l'essence de ce modèle de régionalisation réside dans la favorisation d'un environnement démocratique, largement participatif, propice à une gestion optimale des affaires locales, en sollicitant la contribution directe des citoyens au processus de prise de décision à travers des instances élues à même de relever les défis du développement socio-économique. A cet égard, les élections communales et régionales du 4 septembre dernier, les premières à se tenir après l'adoption de la Constitution de 2011, ont constitué une étape cruciale dans le processus de consolidation démocratique du Maroc, à travers la mise en place de ces structures, notamment les 12 conseils régionaux dotés de nouvelles prérogatives et de capacités financières nécessaires pour répondre aux attentes et aspirations des citoyens. Ces échéances électorales ont esquissé une nouvelle carte politique au Maroc avec la montée en puissance de certains partis politiques et le déclin d'autres, faisant émerger de nouvelles élites locales appelées à apporter leur pierre à l'édifice démocratique et, partant contribuer à la réussite du chantier de la régionalisation avancée, prioritaire pour le Maroc. Autre fait marquant de l'année 2015, le lancement du nouveau modèle de développement des Provinces du Sud lors de la dernière visite de SM le Roi Mohammed VI à Lâayoune, à l'occasion du 40ème anniversaire de la Marche Verte. Ce modèle, qui permettra d'asseoir les bases fondatrices d'une politique intégrée favorisant le renforcement du rayonnement du Sahara comme centre économique et comme trait d'union entre le Maroc et son prolongement africain, vise la création de pôles de compétitivité et repose sur des piliers majeurs, à savoir le développement économique, la promotion sociale, la bonne gouvernance, la durabilité et le renforcement de la connectivité. Mobilisant des investissements de l'ordre de 77 milliards de dirhams, cette stratégie de développement aspire à créer une nouvelle dynamique et des opportunités d'emploi nécessaires au profit des jeunes et des femmes, à consolider le développement intégré et à promouvoir la dimension culturelle en se basant sur la gouvernance responsable dans le cadre de la régionalisation avancée. «La mise en œuvre de cette vision ambitieuse permettra de contribuer à multiplier le produit local global et de créer 120.000 postes d'emploi, et partant hisser les provinces du Sud du Royaume à même de leur permettre de jouer pleinement leur rôle en tant que passerelle régionale, hub économique africain et un lien avec l'Europe», avait indiqué le ministre de l'Economie et des Finances Mohamed Boussaid lors de la cérémonie de lancement de ce modèle. Avec tous ces acquis prometteurs, le Maroc a franchi en 2015, un grand pas sur la voie de la réforme profonde de ses institutions et de la consécration d'une véritable démocratie locale qui repose sur des ressources humaines compétentes dont le souci majeur est de servir leur pays et les citoyens qui leur ont accordé leurs suffrages. L'année 2016 s'annonce donc de bon augure, comme en témoigne le montant de plus de 4 milliards de dirhams consacré par le projet de loi de Finances aux régions pour accompagner leur essor et leur permettre d'exercer leurs compétences de manière efficiente, dans le cadre d'une approche territoriale et régionale de mise en œuvre des politiques publiques de l'Etat.