Pour la première année de la mise en œuvre du plan d'urgence (PU) au niveau du secteur de l'éducation nationale, Youssef Belqasmi, secrétaire général du département, estime qu'il est très tôt de faire un bilan du programme d'urgence dans sa globalité. Le programme s'étale sur une période de quatre ans et vient d'achever sa première année d'exécution. La rentrée scolaire revêt cette année une importance cruciale et particulière vu qu'elle coïncide avec l'amorçage de la deuxième année du PU. Le SG du MEN rappelle que le PU a pu, en tout état de cause, se déployer normalement dans ses trois composantes essentielles. D'abord, l'extension de l'offre scolaire, la mise à niveau de l'offre existante et la capacité d'accueil qui s'est renforcée. L'autre volet est relatif à l'égalité des chances d'accès à l'enseignement pour laquelle des mesures concrètes ont été prises. Le 3ème volet concerne le renouveau du modèle pédagogique. Belqasmi reconnaît que le problème d'encombrement des classes obère la qualité et le rendement du système éducatif. C'est pourquoi, le ministère a consacré l'année dernière beaucoup d'efforts en matière d'infrastructure scolaire mais le déficit est tellement grand qu'on est encore loin du compte. Le SG du MEN estime que le succès de l'ensemble des chantiers, entamés dans le cadre du programme d'urgence, est fortement tributaire du potentiel humain «ce qui nous amène à mettre au cœur de nos priorités cette année le renforcement des compétences des ressources humaines». Autre chantier important, cette année, concerne le temps scolaire qui est considéré comme le cheval de bataille du ministère qui s'est rendu compte que les élèves marocains ne profitent pas de l'offre horaire qui leur était consacrée par le curriculum national. Une étude menée à ce sujet a montré que la déperdition du temps scolaire a atteint les 30%. 1- Peut-on aujourd'hui faire le bilan du programme d'urgence ? Quels en sont les principaux résultats tangibles ? Pour un bilan du programme d'urgence dans sa globalité, il est très tôt d'en parler, le programme s'étale sur une période de quatre ans et vient d'achever sa première année d'exécution, toutefois en s'inscrivant dans une approche de suivi et d'évaluation, le Ministère vient d'établir un bilan d'étape en vue d'évaluer le niveau d'exécution du plan d'action relatif à l'année 2009/2010. Je peux vous affirmer, les chiffres à l'appui, que les résultats acquis à date d'aujourd'hui sont probants et très encourageants sur les trois axes autour desquels s'articule le programme d'urgence : Concernant l'extension de l'offre scolaire et la mise à niveau de l'offre existante, la capacité d'accueil s'est renforcée par la création de 359 établissements et 18 internats en plus de l‘extension de plusieurs établissements par la création de 2514 salles nouvelles, de même pour la capacité d'encadrement qui s'est confortée par le recrutement de 13960 enseignants répartis sur les trois cycles et 1430 cadres administratifs ; Pour le volet relatif à l'égalité des chances d'accès à l'enseignement, il a été marqué par une augmentation dépassant 196% du nombre des bénéficiaires de l'initiative royale «un million de cartables» atteignant ainsi 3 778 500 élèves en 2009/2010 et 4 049 572 élèves en 2010/2011 ; le programme de «soutien financier direct TAYSSIR» a connu aussi une nette évolution de 277% touchant ainsi 300 000 élèves ; le nombre des bénéficiaires des services des cantines et des internats a enregistré une augmentation très importante pour tous les cycles, dépassant, à titre d'exemple, au niveau du primaire, les 15% pour les cantines et 42% pour les internats. Et finalement, pour le 3ème volet concernant le renouveau du modèle pédagogique, le département a procédé à la mise en œuvre effective de l'approche par compétences, à l'intégration également des TICE et par la connexion de 2063 établissements à internet et l'acquisition de 54 617 ressources numériques ; sans oublier bien sûr les 16 millions jours de formation continue qui étaient dispensés en faveur du personnel du département. Ces résultats précités ont permis de voir en hausse plusieurs indicateurs, le nombre des nouveaux inscrits en première année, à titre d'exemple, a évolué de 16,1% ; quant au nombre global des élèves, il a atteint 6 239 806 enregistrant une augmentation de 3,47% ; pour ne citer que cela, la situation à laquelle nous sommes parvenus ne peut être qu'une source de fierté pour les acteurs qui ont contribué à la réalisation du PU, sur tous les paliers : local, provincial, régional et central et nous pousse à continuer de travailler dans le même sens et avec la même rigueur pour pouvoir traduire les objectifs fixés par le programme en résultats tangibles sur le terrain. 2- Nous vivons ces jours-ci la rentrée scolaires 2010-2011, pouvez-vous nous tracer les grands contours de cette rentrée ? A tous les points de vue : pédagogique, conditions matérielles et organisationnelles etc. S'agissant de la rentrée scolaire qui revêt cette année une importance cruciale et particulière, vu qu'elle coïncide avec l'amorçage de la deuxième année du PU, elle s'est déroulée généralement dans de bonnes conditions. Les établissements des différents cycles ont reçu à cette occasion 6 443 900 élèves avec une augmentation de 204 094 élèves par rapport à la saison dernière. Les mesures menées dans le cadre de la mise en œuvre du plan d'action fixé par le programme d'urgence pour l'année 2010/2011 ont permis de créer 234 établissements et 63 internats de plus par rapport à 2009/2010 quant au nombre des salles, il a enregistré une augmentation de 2737 salles dont 52% en milieu rural ; 2655 établissements ont été alimentés en eau potable, 1646 en électricité et 1017 ont été dotés des installations sanitaires ; Les dites mesures ont permis également d'augmenter le nombre des bénéficiaires des deux projets phares sur lesquelles s'appuie le Ministère pour lutter contre les obstacles socio-économiques qui entravent la généralisation de la scolarisation et qui sont aussi derrière les taux élevés de l'abandon scolaire, à savoir l'initiative royale « un million de cartables » dont le nombre des bénéficiaires a dépassé les 4 millions d'élèves, et le programme du soutien financier direct «tayssir» qui va couvrir cette année environ 450 000 élèves. Au niveau organisationnel et dans le cadre de la responsabilisation des différents intervenants dans le processus de l'enseignement et en vue de garantir à l'élève le droit de bénéficier de toute l'enveloppe horaire qui lui était réservée, le ministère a mis en place le dispositif de la sécurisation du temps scolaire. 3- Certains professionnels, notamment des enseignants au niveau de certains établissements scolaires, déplorent les conditions de travail (l'exemple de Casablanca ainsi que d'autres villes). Ils décrient particulièrement le nombre d'élèves par classe qui dépasse parfois les cinquante. Qu'en est-il ? Quelles sont les mesures d'urgence prises par le ministère afin de faire face à cette situation ? Pour pallier au problème d'encombrement des classes, le ministère a consacré l'année dernière beaucoup d'effort que ce soit en matière d'infrastructure scolaire ave la création de 234 unités scolaires de plus, par rapport à 2009/2010 ou en matière de ressources humaines, par le recrutement de 13 960 enseignants ; ce qui a permis de réduire le taux d'encombrement au primaire. Cependant, et comme vous l'avez bien signalé, ces opérations menées, et vu l'ampleur et la complexité du problème, n'étaient pas assez suffisantes pour éradiquer ce phénomène qui sanctionne la qualité de l'enseignement. Dans ce sens, et afin de remédier à la situation, le ministère a prévu, dans le cadre du programme d'urgence, la création de 1246 établissements scolaires dont 200 écoles communautaires, ainsi que l'extension de l'offre existante par la création de 4745 classes nouvelles. Je tiens tout de même à rendre hommage à tous les enseignants et au rôle essentiel qu'ils jouent pour une éducation de qualité à tous les niveaux et ce, des fois, malgré des conditions de travail pénibles et contraignantes. La reconstruction passe par les enseignants, il ne faut jamais oublier cela. 4- Pouvez-vous nous rappeler les grands chantiers prioritaires sur lesquels votre département s'est penchés durant l'actuelle rentrée scolaire ? Le succès de l'ensemble des chantiers entamés dans le cadre du programme d'urgence sont fortement tributaires du potentiel humain, ce qui nous amène à mettre au cœur de nos priorités, cette année, le renforcement des compétences des ressources humaines par le biais de la formation continue et aussi par la mise en œuvre du nouveau dispositif de formation initiale en vue de créer des filières universitaires dédiées à la formation pédagogique et didactique des futurs enseignants. Outre ce volet de ressources humaines, le ministère envisage la révision des curricula par la mise en place des mesures suivantes : -L'actualisation des manuels scolaires ; - L'élaboration du schéma directeur de l'enseignement des langues ; - L'élaboration du curriculum du préscolaire ; - Le lancement des travaux d'élaboration du nouveau curriculum marocain. Le ministère envisage également la poursuite des efforts d'orientation vers les filières scientifiques et techniques, par l'amélioration des approches pédagogiques, l'équipement des établissements et par des opérations d'information et d'aide à l'orientation des apprenants. Le ministère s'est fixé également comme axes prioritaires : - La promotion de l'excellence par la création de trois lycées d'excellence ; - La mise en œuvre d'une approche intégrée de sécurisation du temps scolaire ; - La mobilisation sociale autour de l'école. 5- Nous avons noté que parmi ces priorités figure en bonne place le chantier de la sécurisation du temps scolaire. Pourriez-vous nous décliner la stratégie du ministère destinée à stopper l'hémorragie de la déperdition scolaire ? Effectivement, cette année nous avons fait du temps scolaire notre cheval de bataille, parce que, tout simplement, nous nous sommes rendu compte que les élèves marocains ne profitent pas de l'offre horaire qui leur était consacrée par le curriculum national, une étude menée dans ce sujet a montré que la déperdition du temps scolaire a atteint les 30%, à cause du démarrage tardif de l'année scolaire, de l'absentéisme des élèves et des enseignants et au départ en vacances avant les dates prévues. Partant de cette situation, le dispositif de la sécurisation du programme d'urgence a pour objectif ultime de veiller à ce que les élèves puissent bénéficier de toute l'enveloppe horaire qui leur était réservée. A cet effet, plusieurs mesures ont été prises notamment : -La mise en place d'un dispositif de transparence par la publication des tableaux de service et la liste d'absence des enseignants. - Un dispositif de suivi des absences qui vise, entre autres, le suivi des permissions d'absence délivrées aux différents fonctionnaires et l'élaboration d'une carte pour les indicateurs de l'absentéisme. - Le traitement pédagogique qui prévoit la programmation des séances de rattrapage et la tenue des visites régulières pour le contrôle et le suivi pédagogique.