Les parties libyennes ont signé, jeudi à Skhirat, «l'Accord politique libyen» visant à faire sortir le pays de la crise qui dure depuis plus de trois ans. L'accord a été signé par les représentants de l'ensemble des parties prenant part au dialogue inter libyen, qui se déroule sous les auspices de la mission des Nations-unies d'appui en Libye (Manul), notamment du parlement de Tobrouk, reconnu par la communauté internationale, du Congrès national général (CNG), dit parlement de Tripoli, de partis politiques, des indépendants et de la société civile. Journée historique pour la Libye. Après plusieurs mois de négociations, les participants aux pourparlers politiques inter-libyens tenus à Skhirat ont finalement réussi à achever le processus onusien. Ils ont, en effet, conclu hier à Skhirat l'accord politique qui jette les bases d'un gouvernement d'union nationale. «Un accord qui marque la transition démocratique du pays», s'est réjoui « l'envoyé spécial de l'ONU en Libye, Martin Kobler. « L'aboutissement de ce processus n'a pas été chose facile, mais a nécessité des concessions pour l'intérêt général du pays », a-t-il ajouté. En effet, députés et hommes politiques l'ont finalement paraphé pour sortir le pays du chaos, en dépit de l'objection des deux parlements rivaux qui l'avaient rejeté en juillet dernier. «Mais la porte reste grande ouverte pour ceux qui n'ont pas assisté à la signature de cet accord», rappelleKobler. Car la résorption de la crise ne peut se déployer que dans un cadre politique consensuel, comme l'a indiqué le ministre des Affaires étrangères, SalahedineMezouar. Concrètement, l'accord conclu devrait conduire à la mise en place d'institutions légitimes pour une Libye prospère et unie avec une large représentation des différents acteurs. Il s'agit là d'une étape cruciale pour rétablir la réconciliation nationale. D'ailleurs, «toute autre alternative en dehors du dialogue est destructive», a martelé l'envoyé spécial de l'ONU. Cependant, «la signature de cet accord n'est que le début d'un long parcours pour la Libye. Le plus gros reste à faire», a jouté Kobler, prévient l'envoyé spécial de l'ONU. Il faudra surtout s'attaquer aux défis qui se posent au pays. En tête, la lutte contre les menaces sécuritaires. D'ailleurs, la conclusion de cet accord s'est déroulée dans un contexte d'alarmisme sur l'enracinement de Daech. Il faut dire que la détermination de l'ONU à instaurer un gouvernement d'union nationale malgré les oppositions à Tobrouk et à Tripoli se comprend surtout à la lumière de la lutte contre l'organisation de l'Etat Islamique. En tout cas, Martin Kobler ne s'en cache pas. Il estime que l'accord favoriserait une assistance étrangère à la Libye, en l'occurrence militaire, pour faire reculer le terrorisme. Car, la lutte contre cette organisation ne permettra pas uniquement de rétablir la sécurité en Libye mais également dans toute la région méditerranéenne. Sur ce point, le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Margallo, a été on ne peut plus clair : «l'instabilité en Libye a eu un impact sur le Sud de l'Europe». D'où d'ailleurs la contribution de son pays dans le processus de médiation. Outre les défis sécuritaires, le futur gouvernement d'union nationale devra aussi redresser l'économie du pays qui a été fortement impacté par les divisions politiques et les violences.