Le festival international du film de Marrakech (FIFM) se veut un carrefour de la création artistique du monde entier. A l'occasion, les grands noms du cinéma racontent leurs expériences, dans le cadre des master-classes, pour une approche encore plus personnelle du 7e art. C'est lundi dernier que les leçons du cinéma ont débuté. Fatih Akin, réalisateur, scénariste et producteur allemand d'origine turque a été le premier à se jeter à l'eau. L'enfant prodige du cinéma allemand, issu de la banlieue ouvrière et populaire de Hambourg, s'y est donné à cœur joie, confiant avoir rêvé d'être acteur à la Bruce Lee. C'est derrière la caméra qu'il se retrouvera quelques années plus tard, réalisant des films qui enchantent les cinéphiles de part et d'autre dans le monde. «J'aime le cinéma dans toute sa diversité géographique et esthétique», a-t-il souligné durant les Master-classes. Hier, c'est le réalisateur sud coréen Park Chan Wook qui s'est adressé aux cinéphiles dans la ville ocre. Un expert du 7e art au CV bien garni. De quoi appâter les étudiants en cinéma. Park étudie la philosophie à l'université Sogang où il fonde le ciné-club «Movie Gang». Alors étudiant, il s'intéresse de près à la théorie du cinéma. Après avoir écrit et réalisé deux films qui n'obtiennent pas le succès escompté, son long métrage Joint Security Area bat tous les records d'entrées en Corée du Sud en 2000 et participe à de nombreux festivals internationaux, dont le Festival de Berlin et le Festival du Film Asiatique de Deauville où il remporte le Grand Prix en 2001. L'année suivante, Park Chan-wook entame avec «Sympathy for Mr. Vengeance», une trilogie consacrée à la vengeance, dont le deuxième opus, «Old Boy», remporte le Grand Prix du Festival de Cannes 2004. «Le Lion d'avenir» remporte le Prix de l'Innovation au Festival de Venise 2005. Son septième long métrage, «Je suis un cyborg», est présenté en Compétition au Festival de Berlin où il remporte le Prix Alfred Bauer. Son film suivant, Thirst, «ceci est mon sang», se voit décerner le Prix du Jury du Festival de Cannes 2009. Au cours de sa master-class, le réalisateur sud coréen s'est confié sur son style visuel caractérisé par des mouvements de camera particuliers. «Je ne suis pas à l'aise avec un processus conventionnel impliquant de tourner de longs plans et de se couvrir énormément. Cette méthode de travail ne me convient pas». «Les films que j'ai tournés ne sont pas axés sur les dialogues. Je suis bien plus à l'aise dans l'expression et la narration visuelles», a souligné Park Chan-wook. Tout comme les précédentes éditions, la 15e édition du FIFM propose des Master-classes qui drainent des cinéphiles désireux de partager des moments de grande expertise cinématographique. Depuis le lancement de ces «leçons de cinéma», la liste des personnalités invitées s'est étoffée sensiblement et les Master-classes de Marrakech sont devenus un moment culturel de haute facture, attendu par un public qualitatif et pluriel. La dernière masterclasse de cette 15e édition sera présidée par le réalisateur iranien Abbas Kiarostami, l'un des maîtres incontestés du cinéma iranien. Il a été reçu la Palme d'or au festival de Cannes pour le film «le Goût de la cerise» et le Prix spécial du jury à Venise pour «Le vent nous emportera».