Des milliers de personnes sont descendus dimanche dans les rues de Casablanca pour protester contre les mesures prises par le gouvernement dans plusieurs secteurs et faire entendre les revendications de la classe ouvrière.La manifestation est organisée à l'appel de quatre centrales syndicales à savoir la Confédération démocratique du travail (CDT), l'Union marocaine du travail (UMT), l'Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM) et la Fédération démocratique du travail (FDT) Elle intervient, selon les syndicats, suite à «l'insouciance du gouvernement qui a fait fi des marches ouvrières pacifiques, de la grève générale du 29 octobre 2014 et du boycott des festivités du 1er mai 2015». La marche s'est déroulée dans le calme. Les manifestants brandissant des pancartes appelant à satisfaire une batterie de revendications pressantes de la classe ouvrière, notamment la hausse générale des salaires et des pensions de retraite, la baisse de la pression fiscale sur les salaires. Elles demandent aussi l'amélioration des revenus, l'augmentation à 6.000 DH (près de 600 euros) des revenus non imposables, le respect des libertés syndicales et du Code de travail, et la suppression de l'article 288 du Code pénal. Figurent également parmi les revendications l'instauration d'une approche participative dans la réforme du système de retraite, l'application des autres dispositions de l'accord du 26 avril 2011. L'ouverture de négociations sectorielles pour parvenir à des accords et la mise en place d'une cellule ministérielle pour assainir le climat social dans les unités de production sont également demandées. Le gouvernement a déclaré par la voix de son porte-parole, Mustafa El Khalfi, «aller de l'avant dans la mise en œuvre de la réforme des retraites», réforme qu'il qualifie d'«urgente». Et de préciser que le projet de réforme «ne touchera aucunement les acquis des retraités». Mustapha El Khalfi a rappelé que l'Exécutif «ne s'attendait pas à des protestations à ce sujet» de la part des centrales. Une version que les quatre syndicats rejettent en bloc. Tout en adhérant à l'urgence d'équilibrer les finances des caisses de retraites, ils assurent que ce n'est pas aux fonctionnaires de payer seuls les années de mauvaise gestion. Auparavant, ils avaient remis à la présidence du gouvernement leurs propositions sur le sujet. Celles-ci ne privilégient pas uniquement l'approche purement arithmétique prônée par l'équipe le gouvernement. Dans leurs déclarations, les chefs et représentants des quatre syndicats ont été unanimes à exiger la satisfaction de leurs revendications, faute de quoi d'autres actions suivront la marche nationale d'hier. C'est ainsi que Miloudi Moukharik, secrétaire général de l'Union marocaine du travail (UMT), a estimé que «la marche nationale est une première étape visant à attirer l'attention du gouvernement sur les revendications de la classe ouvrière». Il a précisé que les centrales syndicales renouvellent leur appel au gouvernement en vue de reprendre les assises du dialogue social, dans les plus brefs délais, en vue de «dépasser le malaise social actuel». Pour sa part, Mohamed Kafi Echerrate (UGTM) a déclaré que «le gouvernement fait la sourde oreille face aux revendications de la classe ouvrière qui lui ont été soumises par les différentes centrales syndicales». Même son de cloche chez Abderrahmane El Azzouzi, de la Fédération démocratique du travail (FDT), qui a explique que «la marche nationale intervient suite à la non prise en considération par le gouvernement des revendications de la classe ouvrière». Il a promis d'autres actions allant dans le même sens en vue de faire plier le gouvernement. Le représentant du 4e syndicat ayant appelé lui aussi à cette marche, l'a justifié par la non réactivité du gouvernement face à l'appel répété des centrales. Pour Abdelkader Ezzaier, adjoint de Noubir Amaoui (Confédération démocratique du travail - CDT), le gouvernement doit reprendre le dialogue social et répondre positivement aux revendications de la classe ouvrière.