Le 9 juillet dernier, le Premier ministre algérien était à Ghardaïa. Et pour cause, cette localité du sud algérien est à nouveau en proie à des troubles interethniques. Troubles qui ont fait plus d'une vingtaine de morts. Abdelmalek Sellal devait expliquer aux Algériens le pourquoi et le comment de ce carnage qui constitue le énième épisode des rixes sanglantes qui opposent régulièrement, depuis maintenant plusieurs années, les Amazighs et les Arabes locaux. C'est alors qu'il a affirmé, sans pince-rire, qu'«un Etat frère soutiendrait financièrement les mouvements amazighs autonomistes du M'Zab». Un Etat frère ? Il s'agit bien évidemment du Maroc, la cause tout trouvée de tous les maux - et Dieu sait qu'ils sont nombreux - dont souffre l'Algérie. Or si l'on sait que Ghardaïa est une région économiquement délaissée, bien qu'elle soi située entre les deux «puits» d'où est extraite toute la richesse (énergétique) de l'Algérie (Hassi R'mel et Hassi Messaoud), on comprend dès lors que c'est l'injustice socio-économique qui est en réalité le détonateur qui y fait exploser régulièrement les troubles sociaux et interethniques. D'autant plus que les remous sociaux sont attisés par la baisse drastique que les prix du pétrole ont connue (une autre machination du Maroc ?) ces derniers mois, baisse qui a fait fondre, comme du beurre au soleil, toutes les promesses mirifiques à travers lesquelles le pouvoir algérien tient en... rêve les populations locales. Des populations surveillées par le pouvoir militaire comme... du lait sur le feu, oubliant qu'ils sont en réalité assis sur un volcan dont l'éruption est inéluctable.