Le Global Network Development tient son 16ème congrès annuel, à Casablanca du 11 au 13 juin. Dans une rencontre intitulée «Les femmes dans l'agriculture : enjeux et défis pour le développement agricole», les experts ont appelé à aider les agricultrices dans la voie de l'autonomisation. «Les femmes dans l'agriculture font face à des défis critiques, étant donné qu'elles possèdent rarement des actifs et qu'elles contrôlent rarement également les moyens de productions, sans oublier qu'il existe des différences de genres systémiques», commence Shenggen Fan (International Food Policy Research Institute - IFPRI). «Il ressort d'une expérience au Vietnam que réduire l'écart entre les sexes augmente la productivité agricole, ce qui requiert de mener des réformes. Améliorer l'accès aux contributions et aux crédits, fournir la formation et l'information agricoles, étendre l'accès des femmes à l'éducation, inclure les femmes dans l'élaboration de programmes agricoles et nutritifs et monter des programmes autour de réseaux et de groupes nous paraissent aussi essentiels.» Pour le spécialiste, la nutrition demande des interventions spécifiques au moyen de programmes et des approches plus sensibles et compréhensives, prodiguant une sécurité alimentaire et agricole, des réseaux de sécurité social, une autonomie des femmes, de l'eau et des soins de santé, notamment. «Nous devons appuyer des politiques agricoles sensibles aux problèmes de genre, qui identifient des manières pour les femmes de gérer leurs contraintes. » Andy McKay (de l'université de Sussex), spécialiste du droit terrien des femmes agricoles réitère le constat : les femmes composent la majorité des ouvriers agricoles, bien qu'elles bénéficient de moins d'avantages que les hommes. «Les zones sur lesquelles nous avons des données montrent que seul 10 à 20 pourcent des propriétaires fonciers sont des femmes. Il est aussi démontré que les femmes ont moins de probabilité de louer, de gérer et de posséder des terres. De plus, statistiquement, leurs parcelles sont moins bonnes que celles des hommes. Clairement, nous devons nous occuper des droits fonciers mais ne devons-nous pas nous concentrer par ailleurs sur le processus de prise de décision au sein des foyers ? Et qu'en est-il du droit en matière d'héritage ou de mariage, par exemple ?» L'expert est formel : les femmes sont certes désavantagées quand il s'agit de la propriété foncière. Toutefois, certains pays implémentent des changements, qui se révèlent probants. Ainsi, le Vietnam aurait passé une loi en 2001 dont les effets se feraient déjà sentir. Les femmes accéderaient plus au travail. En 1998, l'Ethiopie aurait aussi passé une réforme agraire permettant à un foyer ne comprenant pas d'homme de louer son terrain. La sécurité de régime foncier n'est pas pour autant garantie».