Une belle coïncidence que celle de rendre hommage à deux personnalités du cinéma marocain dont l'expérience remonte aux années 70 du siècle précédent, lorsque les cinéclubs passaient pour une école de formation. Il s'agit de feu Mohamed Soukri et Saad Chraïbi. Au programme de la septième édition du festival de cinéma universitaire d'Errachidia qui prend fin ce weekend, Mohamed Soukri était l'invité d'honneur. Le sort en a voulu autrement. Il a fait l'objet d'un hommage posthume. Décédé récemment, ses compères parmi les critiques venus à Errachidia, dont Moulay Driss Jaidi, Ahmed Sijilmassi, Mohamed Chouika, Hamid Tbatou et Taoufik Misbah lui ont rendu un vibrant hommage. Ils se sont rappelés ses critiques textes précis, méticuleux, clairs et sans ambages. Ses analyses en langues françaises étaient tellement pertinentes que certains réalisateurs attendaient toujours ses critiques pour juger de la pertinence de leurs choix de forme comme de fond. Point de complaisance. Il y a une année, le festival transsaharien de Zagora lui avait consacré sa huitième édition, mais là aussi, Mohamed Soukri n'avait pas pu y prendre part. La maladie l'avait retenue longtemps chez lui. Pour un penchant vers l'avenir, les organisateurs ont invité le réalisateur Saad Chraibi, pour explorer son expérience. De la même génération que Soukri, Chraibi avait aussi fait école aux cinéclubs, lieux prospères et riches d'une culture variée en matière cinématographique en la matière aux années 70 du siècle précédent. L'initiative de l'Association Al Kabas de cinéma et de culture et la faculté pluridisciplinaire d'Errachidia est louable à plusieurs égards. L'on met ainsi la lumière sur deux expériences, certes différentes de par leurs domaines, mais aussi de par leurs aprioris. Elles convergent pourtant vers un seul objectif : D'abord, l'amour et la passion du 7ème art, ensuite la volonté de faire fleurir une culture cinématographique parmi la jeunesse marocaine et en faire un vecteur de développement culturel. Qu'en est-il aujourd'hui ? Ce même festival démontre l'équation difficile. Certes, le Centre cinématographique marocain (CCM) s'évertue à garder le cap. La municipalité, même avec le PJD en tête, fait de même. Et seule la province d'Errachidia avec un gouverneur, apparemment hors circuit, fait école buissonnière. Les autorités locales qui doivent en 2012 contribuer au foisonnement d'une culture moderne et éprise de liberté, s'abstiennent à soutenir ce genre de manifestations !!! ne comprennent-ils pas le message essentiel de cette ère visuelle ? Où sont-ils simplement en perte de vitesse avec la vague des printemps ? De toutes les manières, ce sont des décideurs locaux qui doivent … dégager.