Faire intégrer une vieille personne de votre famille dans un foyer de bienfaisance est une idée qui commence ces derniers temps à traverser certains esprits. Raison invoquée, les tracas quotidiens et le rythme effréné du monde moderne qui fait que certains préfèrent acheter ce qu'ils croient être leur tranquillité et vivre l'illusion d'avoir la conscience tranquille. Placer un parent dans une soi-disant maison de retraite est monnaie courante à l'étranger surtout dans les pays où les liens familiaux se sont effrités depuis fort longtemps. Au Maroc, vu que nous ne disposons pas encore de ce genre d'établissements, beaucoup de Marocains ne trouvent comme moyen de témoigner leur reconnaissance à leurs parents, qu'en les jetant dans des foyers de bienfaisance, croyant à tort, que leur besoin unique est de manger, boire et dormir. Pire encore! A défaut de délaisser leurs parents, certaines mauvaises progénitures décident tout à coup de couper le cordon avec ceux. Ces derniers élisent ainsi domicile dans les rues ou à l'entrée des mosquées, du fait qu'ils ne trouvent plus de toit ni de cœurs tendres pour les protéger quand ils en ont le plus besoin, c'est-à-dire une fois âgés. En effet et depuis 2005, un rapport de l'entraide nationale présenté par Mohamed Talbi, directeur, tirait la sonnette d'alarme quant à la situation très alarmante des personnes âgées dans notre pays. Il en sort de ce rapport qu'aujourd'hui, de plus en plus de vieillards se retrouvent à la rue, du jour au lendemain par négligence de la part de leurs enfants et c'est là la catastrophe. A Casablanca par exemple, on retrouve des vieillards errants partout, parfois mendiants parfois seulement en train de se lamenter sur leur sort. Ils ne peuvent faire autrement alors qu'ils n'ont plus personne pour s'occuper d'eux. Ils sont trop vieux ou trop malades pour travailler. Ils n'ont plus d'argent et plus de maison. Il n'existe pas un nombre exact des gens âgés qui sont délaissés par leurs familles et se retrouvent dans les rues. Néanmoins, il est certain que ce nombre au cas où il serait connu risque d'être terrifiant, en raison des phénomènes sociaux que nous observons ces dernières années et qui concernent la dislocation des familles, le changement des habitudes, la cherté de la vie et autres maux qui portent un coup dur au noyau même de toute société musulmane, qui est la famille et les parents en particulier. Heureusement dans le milieu rural, un brin de solidarité familiale existe encore et constitue une valeur forte et indiscutable. D'après le même rapport, la population marocaine qui aura plus de 60 ans sera de l'ordre de 24 % à l'horizon 2050, en clair d'ici quatre ans. Ce qui devrait pousser la société marocaine à se tourner davantage vers cette souche sociale. Pour Lahcen 73 ans, un vieillard ex porteur au célèbre quartier de Derb Omar et qui passe désormais ses journées à jouer aux cartes, la situation qu'il vit est due à l'ingratitude de ses enfants, pourtant aisés, mais ne sont plus en contact avec lui depuis plus de 4 ans. Lahcen se dit profondément déçu de cette attitude de ses enfants qu'il a pourtant éduqués et pour lesquels il a fait les mains et les pieds afin qu'ils poursuivent leurs études primaires, secondaires puis universitaires. Ce pauvre vieux dit en avoir marre de cette vie et attend la mort avec impatience. Pour ce qui est de son sentiment vis-à-vis de ses enfants, il affirme que malgré tout, ce sont ses enfants et qu'il ne les déteste pas, juste qu'il est en colère contre eux. “Un parent ne peut détester une partie de son cœur”. Ajoute-t-il, les larmes aux yeux… Même si le fait de prendre soin de ses parents à la fin de leur vie n'est pas chose facile, il faut supporter cette difficulté. C'est de cette façon qu'on peut leur exprimer notre reconnaissance. L'être humain oublie vite hélas !...